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Temoignage de Nikos


1. Avant de trans'paraître


Je suis un garçon bio gay, la trentaine. Mon identité s'est affirmée pour moi autour de mes 9 ans, à cette époque j'étais scindé entre la curiosité de ma découverte de l'autre (j'observais mes camarades avec le sérieux d'un scientifique pour déterminer ce qui m'attirait) et la tristesse chaque soir de constater que mon parcours allait être semé d'embûches et de désapprobation.

 


2. Le coming-out : la révélation de la transsexualité


Le monde FTM est entré en collision avec mon univers via deux événements synchro autour de 2012 : l'aveu d'un ami qui m'a annoncé son identité rêvée et la transition de mon écrivaine préférée, Poppy Z Brite, trans qui se définit comme n'ayant pas besoin d'opération. (Il se fait connaître maintenant sous le nom de Billy Martin).

Dans la construction de ma personnalité je m'étais déjà confronté à toutes les possibilités de genre, d'orientation, de désir d'adapter son corps à ses convictions pour être en harmonie avec soi; aux adeptes des modifications corporelles qui pensent leurs corps comme un médium pour communiquer et aussi pendant mes périodes de galère,à tous ces marginaux qu'on prend soin d'ignorer car leur style de vie nous est trop différent.

J'ai également depuis longtemps une fascination pour l'androgynie, donc à l'annonce de mon ami je n'ai pas ouvert de grands yeux accusateurs avec moults mots moralisateurs. Mais ce fût un choc quand même, un heurt interne que j'avais du mal à expliquer...

 


 3. Peurs et questionnements


Milles interrogations m'ont traversé l'esprit : je connaissais un peu les FTM via l'artiste photographe Kaël T Block mais jusqu'à cette révélation rien ne m'impliquait dans ce milieu. Alors comment expliquer mon angoisse ? De longues réflexions sur plusieurs mois m'ont donné la clé : Si moi en tant que gay je me découvre pas si à l'aise avec le sujet c'est que rien dans notre paysage visuel nous introduit à la transsexualité des FTM !

Les hommes en transition vers l'état féminin font partie de notre univers culturel car la société de consommation a rendu ces images "ludiques", "divertissantes". La transsexualité en France évoque un pêle-mêle d'images clichées : elle amalgame les travestis, les cabarets, les transformistes, le travelo qui fait rire, la prostitution... Mais à l'inverse du trans FTM on voit depuis longtemps à la télévision des témoignages de femmes trans (MTF) changeant de sexe dans un contexte épanoui et avec acceptation de leurs familles, proches et environnement professionnel. (Bon ok depuis une dizaine d'années ça commence aussi avec les FTM).

 


4. Que réserve l'avenir ?


A cette question les proches ne peuvent pas répondre. C'est la personne directement visée qui est maître de son futur chemin, d'où une pression énorme (Il faut déjà se gérer soi-même et en plus veiller aux peurs d'autrui, ça fait beaucoup ! ). Mon avenir en tant que proche c'est d'être là, d'écouter, et de ne pas imposer mes craintes involontairement.

 


5. Une nouvelle façon de le reconnaître


Dans ce témoignage je fais la part belle au culte du trois fois "moi" (MOI MOI MOI) alors que l'essentiel est ailleurs : ok il y a secousse de neurones mais les amis de personnes en transition se doivent d'être solides car imaginez les craintes de la personne concernée ! Alors à la trappe les petites interrogations personnelles et hop réveillez-vous, on se doit d'être des piliers pour nos amis.

Il faut aussi accepter de prendre le temps de faire les choses correctement : oui utiliser les bons pronoms ne vient pas d'un coup, oui il peut parfois être difficile de faire abstraction des images d'ultra-féminité passée chez la personne, oui il est gênant de découvrir que vous avez passé une partie de votre vie avec un putain de p'tit mec sexy sans vous en rendre compte...

 


6. Gérer l'image publique


J'ai toujours été militant pour le droit à se choisir un mode de vie propre à chacun. Parmi les propos anti-gay dans mon entourage certaines attaques venaient de personnes qui pourtant sont mes amis, mais des phrases comme "Ouais mais c'est normal que le mariage gay fasse peur, s'ils arrêtaient de vivre de manière aussi libérée aussi"  équivalent à une claque dans la tronche... Il faut des gens "classiques", propres sur eux, discrets, à l'aise avec le conformisme. Il faut des rebelles, d'éternels insatisfaits qui cracheront leurs revendications sans compromis. Il faut des trans qui réussissent leur transition comme une lettre passe à la poste, sans faire de vague et en cherchant le plus de discrétion possible. Mais il faut aussi un peu de communautarisme, des avant-gardistes qui cherchent à faire bouger les mentalités... Oui le monde FTM m'a appris l'empathie.

 


7. L'évolution


Mon ami n'est encore qu'au début de son parcours mais beaucoup de choses se sont éclaircies entre nous : d'abord on peut parler de tout ensemble, autant du côté spirituel de la transsexualité que des côtés très techniques (opérations, relations amoureuses...).

J'ai découvert aussi que les FTM ne sont pas une communauté secrète et fermée : tout le monde peut se sentir concerné ; personnellement cela m'a fait réfléchir sur ce qu'être un homme signifie vraiment, sur les images sexuées véhiculées par les médias, la publicité, bref ce qu'on nomme la "norme" aussi.

 


Pour conclure


C'est en communiquant sur le sujet qu'on fera avancer les choses, alors assumez-vous ! Gardez à l'esprit que si certains fuiront à l'annonce,vous vous découvrirez aussi des alliés inattendus. Mon style était parfois un peu cru mais la vie est comme cela. Courage à tous.

 

 

Témoignage* de Nikos, 32 ans, ami d'un FTM.
*Ce témoignage est soumis aux lois sur la propriété intellectuelle. Il est la propriété exclusive de son auteur.
Toute reproduction, modification, publication même partielle est strictement interdite

Tout contrevenant s’expose à des sanctions.

Date de création : février 2015

Temoignage de Marie


1. Avant de trans'paraître


Depuis l’enfance, j’ai la sensation que mon enfant est différent ; il savait à peine parler qu’il m’implorait de ne pas le « déguiser en fille », et chaque soir il faisait des prières en espérant qu’une fée le transforme pendant la nuit en garçon. Et puis ses maîtresses me disaient qu’il était toujours seul dans la cour car il ne voulait pas jouer aux jeux de filles et les garçons ne l’acceptaient pas…

J’ai maintes fois essayé de lui démontrer les avantages d’être une fille (on peut s’habiller en garçon, jouer à leurs jeux…) En fait, je pensais qu’il était un garçon manqué, (je crois qu’inconsciemment je me raccrochais à ça) et un psy, à l’époque, m’avait confirmé qu’il n’y avait aucun problème. A l’adolescence, il s’est complètement replié sur lui-même…

 


2. Le coming-out : la révélation de la transsexualité


Le coming out s’est fait grâce à une émission de télévision que mon fils m’a conseillé de regarder. Cette dernière m’a beaucoup secoué car j’entendais exactement les mêmes termes que ceux de mon enfant petit.

Au début, j’ai pensé qu’il se trompait peut-être, je crois que je ne voulais pas admettre cette fatalité.

 


 3. Peurs et questionnements


J’ai cherché à me renseigner sur Internet et puis une autre émission est passée, nous avons alors pris contact avec une association ; je crois que c’est ce jour là que j’ai compris qu’il n’y avait plus de doute et que sa renaissance passerait par des mutilations...

Après une pénible période de honte, (je l’avoue, surtout vis-à-vis des voisins, de l’entourage) de culpabilisation, de tristesse, j’ai eu un déclic en lisant son blog et j’ai enfin pris conscience et mesuré l’intensité de sa souffrance ; de ce jour là, je me suis dit que ça ne servait à rien de pleurer sur son sort, qu’il fallait l’aider, et depuis, nous ne faisons qu’un. Je me tiens au courant de tout, je milite à ma façon pour faire connaître et reconnaître cette erreur de la nature. Je ne supporte plus d’entendre « c’est son choix »…

 


4. Que réserve l'avenir ?


L’avenir me fait un peu peur, les opérations déjà pour les souffrances physiques qu’il va endurer, mais je sais que c’est grâce à elles qu’il pourra enfin vivre, et non pas survivre emprisonné dans un corps étranger comme en ce moment. Pour le reste, je préfère, comme je lui conseille, envisager les choses au fur et à mesure, car le plus important après les opérations, c’est le changement d’état civil.

Bien sûr, il n’aura jamais d’enfant biologique, mais il a déjà tellement de temps à rattraper, de bonheur à vivre, j’espère qu’il réussira à combler ce manque.

 


5. Une nouvelle façon de le reconnaître


Son nouveau prénom n’a pas été facile à accepter car pour cela il fallait d’abord que je fasse le deuil de la petite fille qu’il a remplacé, d’ailleurs je n’ai pas pu le choisir moi-même ça m’était impossible sans pouvoir l’expliquer. Néanmoins, ce qui m’a beaucoup aidé à déculpabiliser (cette impression d’avoir raté ou d’être passé à côté de quelque chose) c’est que même si à ce jour il n’y a pas d’explications scientifiques avérées sur le transsexualisme, à ma connaissance, quelques hypothèses sont avancées comme celle d’un « bug hormonal » pendant la grossesse, etc….. en fait, je me suis raccrochée à toute information qui confirmerait que ce n’est pas un choix, ni une déviance comme certains le laissent entendre mais plutôt un facteur extérieur et ça aide beaucoup pour pour l’accepter et l’expliquer notamment à l’entourage !!!!

Aujourd’hui, j’arrive et,  j’en suis fière, à lui parler au masculin quasiment tout le temps et s’il m’arrive de me tromper, il me reprend en sachant que ce n’est pas volontaire.

 


6. Gérer l'image publique


Maintenant que j’ai fait mon chemin et que j’ai accepté la situation (ça m’a quand même pris environ un an…) j’en parle autour de moi, au départ, qu’aux personnes proches famille et amis seulement en leur expliquant ce qu’il en est. Alors les réactions sont diverses : certains ne sont pas étonnés, d’autres sont perplexes et enfin il y a ceux qui nous assurent de leur soutien ; dans l’ensemble j’ai plutôt été positivement surprise, même s’il y en a quand même pour ricaner dans notre dos…. le jugement des autres m’importe peu désormais ce qui compte le plus à mes yeux c’est le bonheur bien mérité de mon fils et donc je suis un rempart et comme le chante si bien Florent Pagny, « nous avons construit un mur anti cons » autour de nous !!!!

A l’inverse, j’ai un total respect pour ceux qui cherchent à comprendre et, dans ce cas, je me mets à leur disposition pour les renseigner si je le peux que ce soit autour de nous, dans les blogs…..si cela peut aider d’autres mamans…

 


7. L'évolution


En résumé, j’ai l’impression quand même d’avoir perdu la petite fille que j’ai mise au monde mais c’était une petite fille triste, mal dans sa peau... et d’avoir découvert un fils délivré de son mal être, plus gai ; nous étions déjà très proches mais je crois que tout cela a encore renforcé notre complicité.

Avec le recul, je crois que je n’aurais pas changé grand-chose car avant de pouvoir accepter le transsexualisme de son enfant, il y a un passage obligé, un cheminement personnel à faire car on ne peut pas du jour au lendemain accepter d’avoir un fils alors que 16 ans plus tôt on a accouché d’un enfant que l’on pensait être une fille…

 


Pour conclure


Et pour terminer je souhaite tout le bonheur du monde à mon fils et aux autres trans car ils n’ont pas choisi cet enfermement dans ce corps qui leur est étranger, cette souffrance pendant toute leur enfance puis ces souffrances physiques à venir que j’appelle mutilations pour enfin accéder à ce qu’ils sont vraiment, ils ont tant de temps de perdu……ils méritent encore plus que les autres d’être respectés enfin…c’est pour cette raison aussi que je lutte dès que je le peux contre l’intolérance de certains qui jugent sans même essayer de comprendre.

 

 

Témoignage* de Marie, maman d'un FTM de 16 ans.
*Ce témoignage est soumis aux lois sur la propriété intellectuelle. Il est la propriété exclusive de son auteur.
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Date de création : 2007

Proches et familles

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  1. Avant de trans'paraître
  2. Le coming-out : la révélation du transsexualisme
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Témoignage de Marie - maman d'un ftmTémoignage de Nikos (, 32 ans - 2015) ami d'un ftm. 

Témoignage de Marie - maman d'un ftmTémoignage de Marie (, 43 ans - 2007) maman d'un ftm.

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