Mammectomie
La mammectomie est la première intervention chirurgicale de réassignation sexuelle du parcours FTM. Avant celle-ci, les FTM utilisent des bandages sur leur torse pour être plus en harmonie avec eux-mêmes. Cette opération est très attendue pour le confort et la sensation de bien-être qu'elle procure.
Selon la qualité de l'opération et la compétence du chirurgien vous pourrez vous mettre torse nu. C'est pourquoi il est important d'être le mieux informé possible pour pouvoir discuter de manière approfondie avec les chirurgiens et mettre toutes les chances de votre côté d'avoir ce torse si souvent rêvé. Vous retrouverez dans cet article une présentation des différentes techniques chirurgicales possibles, les risques, le déroulement de la convalescence et bien d'autres choses.
- Mammectomie, mastectomie définition
- Chirurgiens, prix et remboursement
- Les techniques chirurgicales
- Risques et complications possibles
- La convalescence
- Questions/réponses et idées reçues
1. Mammectomie : Définitions, rappel anatomique, examens médicaux et finalité
La mammectomie ou mastectomie bilatérale est l'ablation chirurgicale des 2 seins, cette opération dure entre 1h30 et 3h.
Le sein est un organe un peu particulier. Initialement, hommes et femmes possèdent la même base jusqu'à la puberté où les hormones féminines vont provoquer le développement des glandes mammaires. Oui, oui j'ai bien dit des glandes mammaires. Il y a en fait 15 à 20 glandes mammaires ou lobules dans un sein. Ces glandes sont interconnectées et prolongées par les canaux galactophores (par là où s'écoule le lait) qui convergent tous vers le mamelon. Le reste du sein est constitué d'un mélange de tissu graisseux et fibreux qui lui donne sa forme et son maintien.
Le téton est quant à lui composé du mamelon et de l'aréole, son nom scientifique est la "plaque aérolo-mamelonnaire". Il est une prolongation des glandes mammaires et des canaux au niveau de la peau, c'est ce que l'on appelle une résurgence tugumentaire du sein. Il est très étroitement lié aux glandes et son irrigation sanguine est assurée à 90% environ par celles-ci.
Le principe de la mammectomie est d'ôter chirurgicalement l'ensemble des glandes mammaires et de retirer les tissus graisseux et fibreux. Dans le cadre d'une transition d'un transsexuel FTM, la finalité est l'obtention d'un torse dont l'esthétisme est le plus proche possible d'un homme de naissance. Pour cela, la peau est retendue suivant différentes techniques et parfois les tétons sont retaillés et repositionnés pour un résultat plus harmonieux. Les différentes techniques sont expliquées plus bas dans cet article.
Il y a 2 examens principaux pour le suivi médical des seins : la mammographie (rayon X) et l'échographie mammaire (ultrason).
Votre chirurgien peut vous demander de passer l'un ou l'autre de ces examens avant l'opération pour s'assurer que tout est normal et aussi, pour mieux appréhender la forme et la disposition des glandes. Celles-ci peuvent être très étalées et remonter quasiment jusqu'à la pointe de l'épaule ou alors être très compactes.
Ces examens ne sont pas prescrit systématiquement car la palpation donne le plus souvent suffisamment d'information et une analyse des tissus est également faite post-opératoire. Seul un bilan sanguin pré-opératoire est systématique et obligatoire (comme pour n'importe quelle autre opération chirurgicale). Il permet de vérifier votre taux de globules rouges, vos défenses immunitaires et votre taux de coagulation. Ce bilan est prescrit par l'anesthésiste lors de la visite pré-opératoire pour s'assurer de votre bon état de santé général.
2. Chirurgiens, prix, Sécurité sociale et mutuelle
La mammectomie est une opération qui demande des compétences en chirurgie esthétique. Plus votre chirurgien aura déjà pratiqué cette opération, plus ses résultats seront bon : torses harmonieux, plats avec des cicatrices fines. Certains hommes de naissance voient leurs seins se développer. Bien sûr ce développement n'a rien à voir avec la poitrine d'une femme, mais ils forment tout de même des bosses visibles qui peuvent gêner et complexer (on le comprend très facilement ^^'), on appelle cela une gynécomastie. Dans ces cas-là, l'on pratique une opération chirurgicale pour supprimer les bosses et rendre au torse un aspect naturel masculin. Beaucoup de chirurgiens pratiquent ce type d'intervention. D'une certaine façon, la mammectomie sur un transsexuel FTM se rapproche d'une opération pour gynécomastie mais elle est beaucoup plus complexe à cause de la présence des glandes mammaires. L'opération demande donc plus de temps et de travail.
Lors de votre première visite chez un chirurgien, vous devez présenter les lettres de votre psy et de votre endocrino si vous prenez déjà un traitement hormonal. Ces lettres sont une sorte d'assurance pour votre chirurgien, elles permettent aussi d'ouvrir votre dossier à la Sécurité Sociale. Ainsi, votre opération rentre dans un parcours transsexuel et n'est pas considéré comme une simple intervention esthétique. De ce fait, la Sécurité sociale ne peut refuser de prendre en charge une partie de l'opération. Ne vous attendez pas à des sommes importantes, on parle d'une somme de l'ordre de 300 à 400€ ^^' (code de la sécurité sociale : QEFA020 ou QEMA013) . C'est ce même montant qui servira de base à votre mutuelle pour le remboursement complémentaire.
Vous allez ensuite discuter un peu avec votre chirurgien de votre parcours. Il doit vous présenter des photos de ses précédentes réalisations, des bonnes et des moins bonnes en vous expliquant les risques et les causes d'un résultat moins bon. Il va ensuite vous ausculter pour se donner une idée du travail à faire et voir la technique qu'il préconise dans votre cas. Il est très important qu'il prenne bien le temps de vous expliquer étape par étape comment il va procéder et pourquoi il choisit de faire de la sorte.
Si un chirurgien ne vous montre pas de photo et s'il vous explique que, de toute façon, vous ne trouverez pas mieux ailleurs. Je n'ai qu'une chose à vous dire : FUYEZ ! Un bon chirurgien doit être capable de se remettre en question et chercher à améliorer sa technique.
Les prix sont très variables. Ils s'étalent de 1000€ à 4000€ mais on peut établir une moyenne autour de 2000€.
Pour ceux suivi par une équipe "officielle", votre opération ne vous coûtera rien si celle-ci possède un chirurgien pratiquant cette opération, ce qui n'est pas toujours le cas. Quoi qu'il en soit, vous êtes toujours libre de choisir votre chirurgien, si celui de votre équipe ne vous convient pas ou si vous trouvez que ses mammectomies précédentes sont loin d'être celles que vous espérez pour vous. Toutefois, si votre opération n'est pas effectuée par le chirurgien de votre équipe "officielle", vous serez alors exactement dans la même situation qu'une personne suivie en équipe privée. Il vous faudra donc payer les suppléments d'honoraire de votre chirurgien. (cf. Equipes officielles, équipes privées ? & cf. Sécurité sociale )
La Belgique est encore réputée en Europe et notamment l'Hôpital Universitaire de Gand (ou Gent) avec le Pr. Monstrey. Celle-ci faisant partie de l'Union Européenne, il existe une demande spéciale à faire auprès de la Sécurité sociale pour obtenir une prise en charge. Il s'agit du formulaire S2 (ex E112) (cf. Article S2 opération à l'étranger ). Cette demande est très très très rarement acceptée pour une mammectomie et/ou une hystérectomie (cf. hystérectomie ). En effet, il y a sur le territoire français suffisamment de chirurgiens pratiquant ces deux opérations et donc il n'y a, pour la Sécurité Sociale, aucun motif valable de recourir à un formulaire S2. Mais bon, ça ne coûte rien d'en faire une demande... on ne sait jamais. Une mammectomie en Belgique coûte environ 5000€ sans compter les visites pré-opératoires qui ne sont vraiment pas données, pour une complète mammectomie+hystérectomie comptez environ 7000€, les délais sont de l'ordre de 1an. Il n'y a donc pas vraiment d'avantage à se diriger vers ce pays à l'heure actuelle.
3. Les techniques chirurgicales
Il y a, à l'heure actuelle, 2 grandes techniques opératoires : la péri-aréolaire et la double-incision. D'autres techniques soit anciennes soit rares peuvent également vous être proposées comme l'ancre marine ou la liposuccion. La mammectomie est accompagnée ou non d'une retaille et d'un repositionnement du téton. Les tétons d'un homme sont généralement d'un diamètre inférieur à celui des femmes et placés beaucoup plus haut sur le torse. C'est un facteur important qui rendra votre torse le plus proche possible d'un homme de naissance. Le téton masculin est positionné à, environ, 4 cm horizontal et 3 cm vertical à partir du plis du bras Le téton se retrouve sur le ligne du grand pectoral.
Attention, seul un chirurgien sera à même de vous indiquer la meilleure technique pour vous. Le choix est guidé par la forme et la taille de vos seins ainsi que par l'élasticité de votre peau. Il est inutile d'insister pour avoir tel ou tel type d'intervention, c'est votre chirurgien qui aura toujours le dernier mot. Rien ne vous empêche d'en consulter plusieurs (c'est même conseillé si vous en avez la possibilité) mais plus vous irez contre votre morphologie, plus vous risquerez d'avoir un résultat moyen et de devoir subir des retouches qui, en plus, vous coûteront de l'argent supplémentaire.
3.A La technique péri-aréolaire en détail
Cette technique est réservée aux très petites et petites poitrines (A et B max).
Pour les très petites poitrines (bonnet A) ayant une très bonne élasticité, une ouverture semi-circulaire est faite sous le téton. Le chirurgien retire les glandes par cette ouverture et la referme. La peau va se retendre naturellement. Aucune cicatrice n'est visible quelques mois après l'intervention. Pour que le résultat de cette opération soit vraiment parfait il faut que le patient ait à la base des tétons d'un petit diamètre et placés assez haut sur le torse car il est impossible de retailler et de repositionner les mamelons avec cette technique.
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Les avantages de cette technique sont évidents, pas de cicatrices majeures, convalescence rapide et pas de risque d'asymétrie du torse. Toutefois, très peu de patients présentent une morphologie la permettant.
Pour les poitrines un peu plus importantes (bonnet B) mais ayant une bonne élasticité, il existe une technique dérivée de celle ci-dessus. L'ouverture est faite tout autour de l'aréole. Comme précédemment, le contenu du sein est retiré mais il ne suffit pas de refermer l'ouverture. Il y a trop de peau pour tout miser sur sa capacité élastique. Il faut donc en retirer. Le surplus est découpé circulairement autour de l'aréole. La peau est ensuite retendue et recousue autour de cette dernière.
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Avec cette technique le téton peut être retravaillé assez facilement. Le diamètre de l'aréole est raccourci par une retaille et, suivant la forme de la découpe de la peau, lors de la suture le téton se retrouve rehaussé et déplacé. Il y a donc un risque d'asymétrie des 2 tétons, tout dépend de la qualité de votre chirurgien (cf 4.risques et complications possibles). Le grand avantage de cette technique est l'absence de cicatrices majeures.
3.B La technique par double incision en détail
Comme d'habitude, les petits schémas vont rendre l'explication sur la double incision beaucoup plus claire :
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Encore un petit dessin pour bien visualiser le résultat potentiel :Il y a encore quelques temps, une variante à cette technique était pratiquée. Elle est devenue rare car dépassée et, à mon avis, assez inesthétique. La découpe du sein était faite horizontalement au milieu du téton, la peau en trop était ôtée en découpant des lambeaux de part et d'autre de l'ouverture centrale. Une fois tout l'excédent ôté, les 2 côtés étaient recousus pour retendre la peau sur le torse. Si un chirurgien vous propose cette technique, n'hésitez pas à aller voir ailleurs !!! Ce type d'intervention est vraiment obsolète.
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La double incision avec greffe du téton donne de très bons résultats esthétiques. Bien sûr, votre torse est orné de 2 cicatrices majeures plus ou moins larges suivant la finesse des points de suture et votre capacité de cicatrisation. Avec le temps, les cicatrices diminuent et blanchissent. On les remarque de moins en moins. Avec les années et un petit coup de pousse de la pilosité de votre torse, elles deviennent quasi-invisibles. Les risques d'asymétrie et de nécrose du téton sont un peu plus fort que pour la péri-aréolaire. Cette technique est couramment effectuée, et est donc maîtrisée par pas mal de chirurgiens opérant des transsexuels FTM.
3.C Les autres techniques en détail
95% des mammectomies effectuées sur des FTM sont soit des péri-aréolaires soit des doubles incisions. Il reste encore 5% classées en "autre".
Pour ceux ayant une très très petite poitrine, une simple retouche basée sur une liposuccion est suffisante. C'est très rare mais ça existe et le résultat est vraiment impeccable. Le patient doit faire attention toutefois à ne pas prendre de poids sinon la forme du sein risque de resurgir.
A l'inverse, pour les poitrines vraiment très importantes, le chirurgien peut envisager d'utiliser la technique dite de l'ancre marine. Cela consiste à ouvrir depuis le milieu du téton jusqu'à la base du sein puis sur le coté. L'incision a la forme d'une ancre de bateau, d'où le nom de la technique CQFD lol. Cette technique est jugée obsolète mais dans certains cas, elle peut être la meilleure solution. C'est pour cela que je ne l'écarte pas.
Allez hop, encore un ch'tit schéma :
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Dans le choix de la technique, l'expérience du chirurgien fait souvent la différence et c'est toujours à lui que doit revenir le choix final. N'oubliez jamais de lui demander de justifier son choix de technique, cela vous montrera sa maîtrise du sujet et ainsi vous vous sentirez pleinement confiant. C'est indispensable pour être parfaitement à l'aise et pour que tout se passe au mieux pour vous. Si vous en avez la possibilité, c'est toujours bien de rencontrer plusieurs chirurgiens pour pouvoir faire ensuite votre choix avec le maximum d'infos à votre disposition.
4. Risques et complications possibles
4.A Hémorragie et hématomes
L'Hémorragie est une complication post-opératoire très fréquente. Ne paniquez pas non plus, c'est pas une des artères du coeur qui va s'épancher partout dans votre corps ^^'. En fait, pour ôter les glandes et les différents tissus votre chirurgien coupe votre chair et donc ça saigne. Avant de refermer et de replaquer la peau, il cautérise les vaisseaux sanguins afin de rendre les saignements minimaux. Pendant 24h minimum, les saignements restants sont aspirés par 2 ou 4 petits tuyaux placés sous la peau : les drains. Le travail de cautérisation demande du temps. S'il est mal fait ou insuffisant, le sang va s'écouler en quantité trop importante pour que les drains suffisent à tout aspirer. L'excédent de sang forme des poches c'est-à-dire des hématomes sous-cutané. Il faut alors inciser pour vider et cautériser la zone à nouveau. Cela reste une intervention légère qui ne nécessite pas forcément une nouvelle anesthésie. Cette complication arrive souvent lorsque les chirurgiens sont trop pressés de terminer....
Les hématomes apparaissent le plus souvent très rapidement : entre 24h et 48h post-opératoire. Ils sont donc aussi soignés très rapidement. Toutefois, il arrive qu'un hématome ait été mésestimé par le chirurgien, et qu'une fois de retour chez vous, vous vous aperceviez que l'hématome grossit, noircit (comme un très gros bleu) et vous fait mal. A la palpation vous devez sentir que ça fait comme une petite poche remplie de liquide (du sang), dans ce cas recontactez votre chirurgien au plus vite pour être pris en charge, si vous êtes loin envoyez un mail contenant une photo, et à défaut adressez-vous à un infirmier pour qu'on vous fasse une ponction. Une fois traitée, cette complication ne doit normalement pas altérer la qualité du résultat final.
4.B La nécrose du téton
Le risque de nécrose du téton est bien une réalité dont il faut tenir compte. La nécrose est la mort des tissus par manque d'irrigation sanguine. Comme je l'ai déjà expliqué, l'irrigation du téton est principalement assurée par les glandes mammaires. Il est donc primordial que votre chirurgien laisse suffisamment de glandes sous le téton pour que celui-ci ne se retrouve pas sous-irrigué.
La nécrose du téton est la complication la plus grave de la mammectomie mais elle est de mieux en mieux maîtrisée par les chirurgiens.
Le tabac majore fortement les risques. Il est impératif d'arrêter totalement de fumer au moins pendant le mois précédant l'opération et le mois la suivant (ou définitivement si vous pouvez ). Le chirurgien peut annuler l'opération si vous ne respectez pas cela et qu'il juge les risques trop grands. Sachez aussi qu'une analyse sanguine permet de connaître votre consommation de tabac, donc pas la peine de mentir. (Cette analyse est pratiquée en Belgique à l'hôpital de Gand).
Les symptômes de la nécrose sont : une couleur violacée de l'aréole accompagnée d'une forte odeur nauséabonde. Il arrive que les tétons prennent une couleur rouge foncé - marron dans les jours qui suivent l'opération sans que ce soit pour autant une nécrose. Il s'agit tout simplement d'une croûte de sang séché qui va tomber petit à petit pour retrouver la couleur rose habituelle. C'est fréquent, donc si vous constatez un changement de couleur de ce style sans déformation du téton et odeur particulière, restez cool tout va bien. On ignore bien trop souvent qu'il est possible d'avoir des croûtes sur les tétons et les chirurgiens ne préviennent que trop rarement. Il est donc légitime de prendre parfois peur (et oui, j'avoue c'est ce qui m'est arrivé ^^'). En cas de doute, n'hésitez jamais à aller voir votre médecin. Il vaut toujours mieux s'entendre dire que tout va bien plutôt que d'attendre et que se ne soit trop tard....
Malheureusement, il n'y a pas grand-chose à faire si une nécrose se déclare. Si elle est détectée très très tôt (dans les heures suivant l'opération) le chirurgien peut tenter de sauver le mamelon en ré-opérant. S'il échoue ou qu'il est trop tard, il est indispensable d'ôter les tissus touchés pour éviter la propagation et permettre une bonne cicatrisation en conservant un maximum de tissus sains. Pour s'occuper du traitement d'une nécrose nous vous conseillons de faire appel à un infirmier qui se chargera de nettoyer et mettre les pansements les plus adéquats.
Les conséquences esthétiques sont évidentes mais il existe des solutions pour arranger les choses . Il est possible de reconstruire chirurgicalement le mamelon perdu comme cela est actuellement fait sur les femmes ayant dû subir une ablation suite à un cancer du sein.
Il y a 2 méthodes :
- La première technique consiste à prélever un morceau de peau dans le pli de l'aine (juste à la jointure entre votre jambe et votre sexe). Le chirurgien va découper l'emplacement du nouveau mamelon et greffer le prélèvement en lui donnant l'aspect du mamelon (aréole et téton). Pour parfaire le résultat, il est conseillé de tatouer la greffe après cicatrisation pour rendre un aspect homogène à l'ensemble du buste.
- La seconde n'est pas toujours réalisable car elle utilise une parti du mamelon sain. Il faut donc qu'il soit d'une taille consistante. La partie supérieure du mamelon est sectionnée pour être regreffée afin de donner un second mamelon naturel. Toutefois, pour l'aréole, il n'y a pas d'autre choix que de faire une greffe de peau comme expliqué précédemment.
Ces techniques semblent bien maîtrisées par l'hôpital Saint Louis de Paris (site web).
4.C Fibrose
Au cours de la convalescence, il arrive que la peau ne se retende pas correctement. Durant l'opération, le décollement de l'épiderme est important et, malgré l'action des drains, la peau peut avoir des difficultés à se replacer correctement sur vos muscles pectoraux. C'est ici que l'élasticité et la qualité de votre peau prend toute son importance. La cicatrisation est tant externe (avec les points) qu'interne.
Parfois la cicatrisation interne ne se déroule pas correctement et une fibrose se développe. Il s'agit de la formation de tissus cicatriciels fibreux entre votre chair et votre peau. On le sent au toucher, c'est légèrement douloureux et la texture n'est ni vraiment molle ni vraiment dure. Cela provoque des déformations à la surface de la peau, des sortes de vallons apparaissent. Le meilleur remède contre cela reste un bon massage quotidien avec une crème hydratante pour détendre les fibres. Si la fibrose est plus importante adressez-vous à un kinésithérapeute, outre les massages, certains cabinet de kiné sont dotés d'une machine, la CeluM6 (rien à voir avec la chaine de télé ) qui permet de casser les adhérences par un système d'aspiration très efficace.
Une fibrose se remet petit à petit avec le temps, il faut faire preuve de patience et de persévérance dans les massages. Si vraiment ça n'évolue pas et devient particulièrement gênant, il est toujours possible de faire une intervention chirurgicale de correction avec un récurage hypodermique destiné à ôter les tissus fibreux mais rien ne garantit qu'ils ne reviennent pas lors de la nouvelle cicatrisation.
4.D Dégénérescence des cicatrices
La dernière des complications post-opératoires possible est la dégénérescence des cicatrices. Celles-ci peuvent devenir rougeâtres, rugueuses et même gonflées. Si des symptômes de ce genre apparaissent dans les premiers mois suivant l'intervention, il faut prendre rapidement un rendez-vous avec votre chirurgien, il se peut qu'il faille immédiatement reprendre les points pour enrayer le processus.
Les raisons d'une dégénérescence des cicatrices peuvent être diverses. L'une des causes possibles peut être une exposition trop forte au soleil. C'est pour cela qu'il est conseillé de très bien se protéger avec des crèmes solaires indice 50 titane au moins la première année suivant votre opération.
Pour aider à la cicatrisation, il existe des crèmes qui font blanchir et désenfler les cicatrices. Bon nombre sont disponible sans ordonnance, il suffit d'en parler à son pharmacien.
4.E Asymétrie du torse
Il s'agit plus d'un problème esthétique que d'une réelle complication médicale. La plupart du temps les problèmes d'asymétrie sont résolus par des interventions chirurgicales légères (parfois sous anesthésie locale) de retouche.
L'asymétrie la plus flagrante est celle due à un mauvais repositionnement des tétons : un plus bas que l'autre ou bien l'un plus excentré que l'autre. Pas très chouette tout ça ... Le replacement des tétons n'est pas une chose évidente et demande à votre chirurgien un bon savoir faire. C'est pour cela que les chirurgiens évitent assez souvent de les déplacer.
Il existe une technique pour s'assurer du bon maintien de la position des aréoles : le round-block. Votre chirurgien place des points internes définitifs sous vos aréoles pour les maintenir à l'emplacement qu'il aura spécifié. Ceci a pour but d'éviter que le gonflement post-opératoire de votre peau ne les déplace de façon "aléatoire". Cela ne garantit pas un résultat parfait mais c'est un plus pour diminuer les risque d'asymétrie des tétons.
Une reprise peut être faite par votre chirurgien, ou par un autre d'ailleurs ^^'. Ce genre de complications directement liées à la qualité technique de votre chirurgien sont très contrariantes, c'est vrai, mais pas définitives, il ne faut pas perdre le moral et ne pas hésiter à consulter plusieurs chirurgiens.
L'autre type d'asymétrie est dû à la présence de bosses ou de creux plus de 6 mois post-opératoire et qui rendent votre torse inesthétique. Dans ce cas-là, soit votre chirurgien n'a pas retiré assez de tissus graisseux, soit la répartition de ce qui reste s'est mal faite, soit il en a trop retiré. Dans tous les cas, votre torse se retrouve "vallonné". Une fois de plus, la seule façon d'arranger les choses est de passer par une retouche chirurgicale. Parfois de petites liposuccions pour "aplanir" le torse suffisent, parfois il faut repasser par une anesthésie totale pour reprendre complètement le travail.
Ces retouches ne sont pas une partie de plaisir et reviennent entre 500€ et 1000€. Il faut aussi y penser lors du choix de votre chirurgien. Certains chirurgiens demandent plus d'argent que d'autres car ils ont un savoir-faire plus grand ou une meilleure technique. De cette façon vous diminuez vos chances d'avoir à subir une retouche. Bien sûr, c'est très loin d'être une garantie à 100% car aussi bon que soient le chirurgien et sa réputation, il restera toujours des risques.
5. La convalescence
L'opération dure entre 1h30 et 3h suivant la technique employée et votre chirurgien. La rapidité n'est pas forcément un gage d'une meilleure qualité...
5.1 Le premier jour
Si tout se déroule comme prévu, l'hospitalisation dure 48h. Les premières 24h sont les plus difficiles à passer. Il y a, pour commencer, le réveil de l'anesthésie et la douleur dans la gorge due à l'intubation durant l'opération. Vous avez aussi entre 2 et 4 drains (souvent 4 pour la double incision) de chaque côté de votre torse qui aspirent le sang et replaquent la peau sur la chair (principe d'une pompe à vide). Pour assurer le maintien de tout ça et le plaquage de la peau, on peut vous demander de porter pendant 2 à 4 semaines un gilet compressif. Dans mon cas, j'ai eu le gilet compressif de chez MedicalZ modèle Roméo. Il coûte 66€ et n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. On ne peut pas le commander dans n'importe quelle pharmacie, il faut aller chez un pharmacien vendant du matériel paramédical d'orthopédie. C'est loin d'être un achat inutile car il apporte un vrai confort les premiers jours suivant l'intervention.
De nos jours, la douleur à la sortie d'une opération est bien traitée. Les calmants et les somnifères vous aident énormément à passer la première journée et la première nuit dans de bonnes conditions. Cependant, à cause de la présence des drains, il est déconseillé de se lever même pour aller aux toilettes. Pisser en étant allongé n'est pas facile, en fait vous n'arrivez jamais à vider complètement votre vessie et vous ne ressentez jamais un total soulagement.
Le lendemain matin de votre intervention, le chirurgien vient vous rendre une petite visite. Il va vérifier qu'aucun hématome ne pointe le bout de son nez, que les drains ne rendent plus de sang, que les points sont propres et que la peau ne présente pas de signe qui pourrait faire craindre une nécrose. Hormis le côté strictement médical, c'est vraiment un moment très important : vous allez voir pour la première fois votre torse .
Si tout va bien, à la fin de la visite du chirurgien, l'infirmière va vous enlever les drains. C'est un véritable soulagement, vous vous sentirez de suite vachement mieux et beaucoup plus à l'aise dans vos mouvements. Vous aurez aussi l'autorisation de vous lever pour vous rendre à la salle de bain et faire une petite toilette sommaire.
Vous quitterez la clinique le lendemain après avoir réglé les suppléments d'honoraires du chirurgien, de l'anesthésiste et vos frais d'hospitalisation (s'il y a). Vous aurez aussi un arrêt de travail de 10 jours environ.
5.2 La première semaine
A la sortie de la clinique, il y a entre 3 et 5 jours assez compliqués. La position assise vous fatiguera assez rapidement. Se lever et s'asseoir sont de véritables efforts. Vous marchez à la vitesse d'un escargot en faisant de tout petits pas. Il est impossible de bouger les bras, tout juste un peu les avant-bras et les mains. Ça n'a l'air de rien mais il est impossible de se laver ou de s'habiller seul. Vous n'avez plus de force dans les bras donc faire à manger et même parfois simplement couper sa viande est un vrai challenge.
Ne comptez pas trop sur la nuit pour récupérer de votre journée. La seule position possible est d'être allongé sur le dos avec les bras le long du corps. C'est franchement pas le summum du confort pour dormir et si pendant la nuit vous bougez, la douleur vous réveillera sans l'ombre d'un doute. Si vous le pouvez, faites-vous prescrire pour les premières nuits des somnifères légers. Ils vous rendront vraiment service.
5.3 Les visites post-opératoires
La première visite a lieu 15 jours après l'opération. Elle sert à vérifier un certain nombre de points :
- la bonne évolution de la cicatrisation et des points de suture
- l'absence de début de nécrose
- l'absence de douleurs particulières
- l'absence d'hématomes ou de gonflements suspects
A la sortie de cette visite vous pouvez jeter votre gilet de compression. Tous ces objets de torture font désormais définitivement partis du passé.
La visite suivante a lieu après un peu plus de 1 mois. Le chirurgien ôtera les points qui n'auront pas sauté seuls. A ce stade vous ne devez plus avoir aucune gêne pour bouger les bras et avoir retrouvé votre force. Durant cette visite il vous sera confirmé si vous pouvez reprendre une activité sportive et dans quelle mesure. C'est aussi l'occasion de mesurer le degré de récupération de sensation tactile sur votre torse. Lors de l'intervention une multitude de tout petits nerfs sont sectionnés au niveau de l'épiderme. Ceci entraîne une baisse de sensibilité voire même une perte complète de cette dernière. Pour ceux qui seront opérés par la technique de la double-incision, la probabilité est très forte de perdre définitivement toute sensibilité au niveau des mamelons qui auront été regreffés.
5.4 Évolution et résultat final
Le plus dur après l'opération est de savoir être patient pour pouvoir voir le résultat final de l'opération. Au minimum il faut compter 3 à 6 mois si votre peau ne présente aucune difficulté de récupération. La moyenne est tout de même de 6 mois pour vraiment pouvoir juger du travail de votre chirurgien et apprécier au mieux la sensibilité au toucher de votre torse et de vos aréoles. Le résultat continue d'évoluer fortement sur une période totale de 1 an, surtout si vous massez pour améliorer l'aspect de votre peau, c'est pourquoi toute retouche esthétique avant le premier anniversaire de votre mammectomie est déconseillée. Et bien sûr, votre torse continuera d'évoluer dans le temps en fonction de votre activité sportive ainsi que de vos prises ou pertes de poids.
Lors des 3 à 6 premiers mois, il est conseillé de maintenir un poids stable pour ne pas gêner la remise en place de la peau et altérer la qualité du résultat final.
Dans l'absolu cette opération n'est pas particulièrement douloureuse mais il faut tout de même s'octroyer le temps de s'en remettre.
Pour illustrer de façon plus concrète les choses, voici 2 photos montrant l'évolution d'une mammectomie effectuée en péri-aréolaire et une photo d'une autre mammectomie en double incisions.
mammectomie péri-areolaire 6 jours post opératoire |
la même 10 mois plus tard |
mastectomie par double incision de face |
la même de profil |
6. Questions/Réponses et idées reçues
6.1 Est-ce que l'opération va modifier mes pectoraux ?
En aucun cas le chirurgien ne touche à vos muscles. Les pectoraux qui étaient là avant seront là après. Il n'est pas forcément conseillé de développer à outrance ses pectoraux avant l'opération, cela peut favoriser l'apparition post-opératoire d'un creux sur votre torse.
6.2 Dois-je avoir un suivi médical particulier pour les risques de cancer du sein ?
Les glandes mammaires ne sont jamais retirées à 100% lors de l'opération car elles assurent la vascularisation des tétons. Par conséquent tout risque de cancer du sein n'est pas écarté mais devient minimal. En fait, les risques pour un FTM semblent identiques que ceux d'un homme de naissance.
6.3 Vaut-il mieux être opéré avant ou après avoir débuté le traitement hormonal ?
C'est une question à laquelle il est difficile de répondre si on ne considère que les avantages ou inconvénients vis-à-vis du résultat final. Toutefois, trouver un chirurgien prêt à vous opérer avant que vous ayez obtenu le traitement hormonal est très difficile. Donc, d'un point de vue pratique, l'on est principalement opéré après avoir entamé le traitement et, du coup, la question ne se pose pas vraiment ^^'. La testostérone agit sur la peau et sur la répartition des graisses sur le long terme. Elle peut donc avoir une action sur votre poitrine et la diminuer plus ou moins. Cette diminution, si elle a lieu, est toujours un plus pour la qualité de votre opération.
6.4 Est ce mieux d'avoir l'hystérectomie en même temps que la mammectomie ?
Je vous invite à lire la réponse à cette question dans les questions/réponses de l'hystérectomie : ici .
6.5 Est ce que je peux commencer par une réduction mammaire avant la mastectomie pour peut-être avoir un meilleur résultat lors de l'opération finale ?
Pour les transsexuels qui ont une forte poitrine, la réduction mammaire est très tentante et, en plus, prise en charge par la Sécurité sociale. Toutefois, dans l'optique de la mammectomie totale à venir, une réduction mammaire peut compliquer le travail du chirurgien.
Une réduction mammaire entraîne forcément la présence de cicatrices. Le chirurgien qui vous fera votre mastectomie devra en tenir compte et cela peut vous priver de certaines techniques opératoires et affecter également le résultat final.
Cela n'est tout de même pas incompatible avec une future mastectomie mais il faut bien expliquer au chirurgien chargé de la réduction qu'une mastectomie sera effectuée par la suite pour qu'il en tienne compte dans sa technique opératoire. Ainsi votre réduction ne gênera pas votre mastectomie à venir.
6.6 Je suis en surpoids, quelles conséquences pour mon opération ?
Le surpoids est un facteur de complication pour votre mammectomie. En plus du retrait des glandes, le chirurgien va devoir retirer de la graisse. Vu comme ça, la difficulté n'est pas vraiment visible mais, pour obtenir un torse en harmonie avec votre silhouette, le chirurgien va devoir doser et répartir les graisses. Les risques de bosses sur le résultat final se retrouvent ainsi augmentés. Cela complique également le travail de cautérisation durant l'opération et donc le risque d'hématome post-op. Pour finir, le surpoids entraîne une distension de la peau (avec parfois des vergetures), celle-ci aura plus de mal à se retendre correctement, ce qui favorisera la persistance de plis.
Tout cela crée un ensemble d'augmentation de risques sur la qualité de votre résultat final. Plus vous serez sec, plus vous mettez les chances de votre coté d'avoir un bon résultat final. Je tiens toutefois à préciser qu'être en surpoids n'empêche en aucune façon d'avoir une mammectomie et qu'elle soit tout à fait réussie. Disons juste que la qualité de votre chirurgien est encore plus importante dans ce cas là.
6.7 Pourquoi n'appelle-t-on pas la mammectomie par le terme « torsoplastie » ?
Utiliser ce terme est tentant pour bien des FTM car le mot « torsoplastie » renvoi à une forme de reconstruction qui correspond plus à l'état d'esprit des trans, la mammectomie ou mastectomie, à l'inverse, renvoi à une idée de mutilation ou d'amputation. Toutefois ce terme existe déjà dans le langage médicale et désigne un lifting du corps, et en particulier des fesses, suite à une très forte perte de poids. Vous rendre à un rendez-vous chirurgical en demandant à subir une « torsoplastie » peut donc entraîner un fâcheux quiproquo. De plus, utiliser ce terme conduirait à noyer l'information sur le web, à compliquer les recherches de nomenclature etc, il est important d'utiliser les termes médicaux exacts pour permettre à chacun de trouver les bons renseignements ce qui est la vocation première de ce site. Enfin, puisque le terme de torsoplastie désigne déjà une opération, il n'y a aucune chance pour que ce nom soit reconnu un jour. Le terme de mastoplastie (incluant une reconstruction) serait plus exact.
Article* écrit pour vous par Izechiel.
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Date de création : oct. 2006
Dernière mise à jour : avril 2014