Hysterectomie
Attention, je vais parler ici de l'hystérectomie uniquement dans le cadre de la transition d'un transsexuel FTM (femme vers homme). Cet article s'adresse donc à un public FTM et à toutes personnes transfriendly ou souhaitant simplement en savoir plus sans aucun préjugé sur la transidentité.
- Qu'est ce que c'est ? définitions
- Qu'est ce que ça change ? Conséquences de l'opération
- Les techniques opératoires
- Le déroulement de l’hospitalisation
- Les chirurgiens et le prix
- Questions/réponses et idées reçues
1. L'hystérectomie : qu'est ce que c'est ???
L'hystérectomie est une intervention chirurgicale qui consiste à retirer une partie ou la totalité de vos organes génitaux internes de naissance donc féminins.
Il y a plusieurs types d'hystérectomie en fonction de ce qui sera ôté :
A Hystérectomie subtotale B Hystérectomie totale C Hystérectomie radicale (avec annexectomie) D Ovariectomie simple |
L'unique objectif de cette intervention, quelque soit le type que vous choisirez, est de vous rendre de façon définitive stérile. Vu le but de l'opération, je voudrais aussi rajouter l'ovariectomie simple (D) à la liste des types d'interventions possibles. Le chirurgien n'enlèvera donc que les ovaires et laissera le reste tel quel.
Généralement, c'est l'hystérectomie totale avec annexectomie (annexectomie est un synonyme pour ovariectomie) qui est choisie et pratiquée sur les FTM. Toutefois, chacun est libre de choisir l'intervention qui lui convient le mieux suivant ses propres convictions.
2. Concrètement, qu'est ce que ça change ?
Suivant votre ressenti vis-à-vis de votre corps, on peut s'interroger sur l'intérêt de cette intervention qui ne touche, au final, que des organes internes.
Donc la question est : y a-t-il de vrais intérêts pour vous à subir cette intervention ?
La réponse est simple : oui, beaucoup !!!
Tout d'abord, une fois votre stérilité définitive confirmée par votre chirurgien vous pouvez prétendre à votre changement d'état civil complet . Je ne débattrai pas ici sur l'éthique normative qui empêche donc un homme d'être enceint. Chacun est libre d'avoir son opinion face à cette idée. Cet article est simplement là pour informer sur la technique chirurgicale de l'hystérectomie en elle même et sur la réalité des lois actuelles en France concernant les personnes transgenres FTM.(cf. article "changement d'état-civil" )
Second point important, elle permet de mieux réguler votre traitement hormonal à condition d'avoir fait retirer vos ovaires. Ceux-ci étant les sources principales de production d'hormones femelles dans le corps, les taux de testostérone injectés peuvent être réduits car il n'y a plus besoin de contrer l'action des œstrogènes et autres progestérones (hormones féminines). Après en avoir discuté avec votre endocrinologue et effectué des prises de sang de contrôle de votre taux de testostérone, il arrive que le rythme des injections soit alors ramené à une toutes les 3 semaines contre une tous les 15 jours avant l'opération mais ce n’est pas systématique. D’ailleurs, lorsque arrive la période de l’injection, on ressent beaucoup plus d’effets liés au faible taux de testostérone dans le corps à ce moment là qu’avant l’opération. (cf. "les traitements hormonaux" et "risques et suivi")
De plus, l'hystérectomie est la première phase chirurgicale qui mène à l'étape finale de la chirurgie de réassignation sexuelle : C.R.S (à ne pas confondre avec la compagnie républicaine de sécurité ... ok... je sors lol) ou S.R.S en anglais. Si vous souhaitez faire une phalloplastie ou une métoidioplastie ("méta" pour les intimes), l'hystérectomie totale doit déjà avoir été pratiquée plusieurs mois auparavant.
Pour conclure sur les intérêts de cette opération, je me dois d'insister sur le fait que l'hormono-thérapie peut, sur le long terme, avoir des conséquences sur ces organes et donc sur votre santé. Le traitement hormonal masculinisant provoque une atrophie de l'utérus et rend les ovaires polykystiques (cf. "les effets de la testo "). A terme, les muqueuses utérines peuvent être endommagées ce qui peut conduire à de fortes douleurs chroniques, et même parfois à des tumeurs. Si vous ne prévoyez pas cette opération dans un délai assez court (par exemple dans les 5 ans), il est fortement conseillé d'avoir un suivi gynécologique régulier. Si vous ne vous sentez pas à l'aise avec cela, sachez qu'il existe des gynécologues andrologues qui ont également l'habitude de soigner des hommes. Peut être serez vous plus à l'aise avec eux.
Il y a 3 techniques opératoires possibles pour l'hystérectomie dite par voie haute (la plus ancienne), par cœlioscopie et par voie basse.
3.1 Hystérectomie par incision abdominale ou laparotomie - voie haute
La première méthode opératoire, qui est aussi la plus ancienne, consiste à réaliser une incision horizontale ou verticale de 10 à 15cm pour accéder aux organes. L'incision verticale va du nombril à la base du pubis et l'horizontale est faîte en haut du pubis. Les photos suivantes illustrent la position des différentes incisions ainsi que la cicatrice engendrée:
Schéma explicatif des différentes incisions possibles |
Photo d'un laparotomie par incision horizontale - 7 mois postopératoire |
Durant l'intervention, les saignements sont assez nombreux et une transfusion peut être nécessaire. Toute l'opération a lieu à travers l'ouverture abdominale et dure entre 45min et 1h. Suivant les cas, pour éviter un trop grand risque de formation d'hématomes, un drain peut être posé. L'hospitalisation varie de 5 à 7 jours et la convalescence de 4 à 5 semaines.
L'ouverture abdominale donne lieu à un traumatisme important des muscles abdominaux et/ou pelviens ainsi qu'une belle cicatrice. Il vous faudra attendre plusieurs mois pour pouvoir soulever à nouveau des poids un peu important et reprendre une activité sportive (de 3 à 6 mois).
Il existe également une technique consistant à ne pas sectionner les muscles pelviens mais à les "écarter". Bien sûr dans ce cas là, la convalescence est beaucoup plus rapide mais la cicatrice reste identique. Si vous allez voir un chirurgien qui pratique l'hystérectomie par voie haute, pensez à bien lui demander comment il compte s'y prendre pour vos muscles. N'hésitez pas à lui parler de cette technique qui sera plus avantageuse pour vous et votre convalescence.
Cette technique est souvent proposée aux transsexuels FTM par des chirurgiens qui omettent parfois d’expliquer qu’il existe d’autres techniques plus récentes qui ne reviennent pas plus cher et proposent des cicatrices minimes, voir inexistantes, et une récupération beaucoup plus rapide. Il arrive même parfois que certains chirurgiens invoquent de fausses raisons au choix d’une incision plutôt qu’une hystérectomie par voie basse et cœlioscopie : par exemple qu’il faut avoir eu des enfants ou des rapports sexuels avec pénétrations pour pouvoir avoir une hystérectomie par voie basse ce qui est parfaitement FAUX (cf. Questions et idées reçues 6.6 ).
3.2 Hystérectomie par cœlioscopie ou endoscopie
La cœlioscopie (ou endoscopie) est une technique chirurgicale qui permet d'accéder aux organes concernés par l'opération sans réaliser une ouverture large sur le patient. Concrètement, comment les chirurgiens procèdent-t-ils ?
La première phase de l'intervention est l'envoi de gaz CO2 par une aiguille glissée généralement au niveau du nombril. Le gaz va provoquer un gonflement de votre ventre. Ainsi le chirurgien aura toute la place nécessaire pour la suite de l'intervention.
La deuxième phase est la mise en place de 3 trocarts (tubes creux) par 3 petites incisions : l'une de 10mm de diamètre dans le nombril et deux de 5mm de part et d'autre de votre abdomen, comme le montre la photo ci-dessous.
Dans le trocart principal, celui du nombril, est glissé une caméra optique. Le chirurgien pratique donc la totalité de l'intervention en regardant l'écran vidéo relié à la caméra, et non pas directement son patient. Dans les 2 autres emplacements, le chirurgien glisse ses instruments chirurgicaux (pince, ciseaux, etc...). Les organes sont découpés et retirés soit par voie vaginale soit par le plus grand des trocards si les voies naturelles sont trop serrées. Vous l'aurez compris, cette technique demande un appareillage dédié et un savoir-faire particulier de la part du chirurgien. L’hystérectomie par cœlioscopie est pratiquée de plus en plus couramment et n'est pas forcément plus onéreuse qu'une hystérectomie par incision abdominale.
Instrument pour cœlioscopie |
Écran de contrôle |
La durée d'hospitalisation varie entre 2 et 4 jours suivi d'un arrêt de travail autour de 2 à 3 semaines. Dans le temps de récupération total, il faut tenir compte du temps nécessaire au dégonflement du ventre. Bien sûr, votre ventre est vidé du gaz CO2 à la fin de l'intervention, mais il en reste toujours un peu. Il faut compter 1 mois avant de retrouver votre tour de taille habituel. La cœlioscopie ne provoquant pas de traumatisme grave au niveau des muscles abdominaux et pelviens (pas d'incision), vous retrouverez très rapidement toute votre puissance musculaire (seulement 4 semaines d'interdiction de pratiques sportives) et vous n'aurez pas de cicatrices majeures. La dernière étape est la découpe des différents organes et leur évacuation par voie naturelle. Le fond du vagin est incisé pour permettre l’évacuation des organes et est ensuite suturé. Les autres plaies internes sont coagulées par l'utilisation d'instruments opératoires spéciaux utilisant l'électricité. Il n'y a donc généralement pas de points internes hormis pour la suture vaginale. L'opération dure environ 1H30. Il y a normalement moins de perte de sang avec cette technique opératoire et les transfusions sanguines sont rares (sauf complication).
Évolution de la technique : la cœlioscopie assistée par robot.
De nouvelles machines d'aide au chirurgien se développent petit à petit et les hystérectomies peuvent maintenant être réalisées avec une assistance robotisée. On dénombrait en 2007 environ une quinzaine de ces machines en France.
Le processus opératoire reste quasiment le même que pour une cœlioscopie classique à un détail prêt : ce n’est pas le chirurgien qui tient les instruments mais un robot qui est lui-même piloté par le chirurgien depuis une table de contrôle munie de manettes spéciales.
La visualisation de la zone de travail est en 3D et ce système est capable de corriger les tremblements ou micro-tremblements éventuels du chirurgien. Toutefois, le robot ne pouvant reproduire parfaitement la résistance du corps humain, le chirurgien doit se faire assister par une aide opératoire spécialement formée pour cela.
Cette technique procure plus de sécurité et plus de précision lors du déroulement de l’opération. La pratique a aussi démontré que les douleurs postopératoires sont significativement réduites ainsi que le temps de convalescence.
La contrepartie de ce confort et de cette sécurité se traduit par un temps d’anesthésie plus long, 2h à 2h30 contre 1h à 1h30 pour une hystérectomie par cœlioscopie classique, mais également par la nécessité de 2 petites ouvertures supplémentaires sur l’abdomen comme le montre la photo ci-après.
Hystérectomie par cœlioscopie assistée par robot - 2/3 jours postopératoire
3.3 L'hystérectomie par voie basse
Pour les personnes ayant un très petits utérus et ayant eu un élargissement des voies naturelles suite à des rapports sexuels avec pénétrations ou à un accouchement , il est même possible d’envisager une hystérectomie exclusivement par voie basse. On appelle cela une hystérectomie vaginale. Toute l’opération se déroule grâce à une incision effectuée au fond du vagin. L'abdomen est gonflé à l'aide de CO2 comme pour la cœlioscopie, les instruments insérés par cette incision puis les organes retirés à leur tour par cette voie. Cette technique permet d’éviter toutes cicatrices mais la visibilité du chirurgien est forcément réduite lors de l’opération ce qui peut compliquer les choses pour dépister d’éventuelles complications et explique la nécessité d'avoir eu des rapport sexuels avec pénétration ou, plus généralement, au moins un accouchement. Le rétablissement par cette technique et très rapide puisqu'il est de l'ordre d'une dizaine de jours en général.
L'hystérectomie, quelle soit par cœlioscopie, voie naturelle ou par incision abdominale, est réalisable sous anesthésie locale ou générale. Les anesthésies locales sont moins traumatisantes pour le corps. La récupération est donc plus rapide. Si pour certaines opérations sous anesthésie locorégionale il est possible d'être conscient, dans le cas de l'hystérectomie, vous êtes plongés dans un sommeil très profond et donc parfaitement ignorant de tout ce qui se passe dans le bloc. Même si l'anesthésie locorégionale est plus avantageuse que la générale, tous les chirurgiens ne laissent pas le choix entre les 2.
3.5 Les risques et complications post opératoires
Comme pour toute opération chirurgicale, des risques existent. Nous n'aborderons pas les risques liés à l'anesthésie qui sont expliqués par l'anesthésiste lors de la visite préopératoire et résumés dans le document suivant : les risques liés à l'anesthésie .
Pendant l'opération les risques principaux sont : la perfusion en cas d'hémorragie et les plaies aux organes voisins (vessie, intestin, colon, uretère, plaies vasculaires) pouvant nécessiter une seconde intervention chirurgicale spécifique soit dans le même temps opératoire soit ultérieurement suivant le type de lésion.
De même pour les opérations sous cœlioscopie et voie basse, il est possible que le chirurgien soit amené à procéder à une ouverture abdominale durant l'intervention en cas d'une complication ou si quelque chose se présente de façon anormale. Le chirurgien doit vous informer de cette éventualité et généralement vous signerez un document mentionnant que vous avez pris connaissance de cette possibilité et que vous l'acceptez.
Les opérations sous cœlioscopie demandent une surveillance accrue à cause de la présence du gaz CO2 dans l'organisme. La cœlioscopie est déconseillée aux personnes asthmatiques, celles ayant des problèmes cardiaques, celles souffrant d'une forte obésité et également aux très grands fumeurs. Du CO2 peut être assimilé par les vaisseaux sanguins et provoquer des complications. C'est votre anesthésiste qui est chargé de surveiller l'action du CO2 sur votre organisme. Ce risque est très largement maîtrisé par les équipes chirurgicales pratiquant la cœlioscopie. Si votre état de santé général présente des particularités, il faut bien aborder tous ces points lors de votre visite préopératoire avec l’anesthésiste.
A la sortie de l'opération des complications postopératoires ne sont pas à exclure. Il est possible de développer des hématomes postopératoires, des infections urinaires ou encore des abcès (abcès de la paroi ou abcès de Douglas). Toutes ces complications peuvent se résoudre par des traitements antibiotiques ou, parfois, par une action chirurgicale.
L'hystérectomie est une intervention où les saignements sont tout de même importants. Des traitements préventifs sont prescrits par le chirurgien pour éviter les risques de phlébites* ou d'embolies pulmonaires* (cf. 4.2 les soins postopératoires ).
L'hystérectomie est une chirurgie fréquente, bien maîtrisée par les chirurgiens et les anesthésistes. Si une complication est toujours possible les risques sont tout de même bas .
4. Le déroulement de l'hospitalisation
4.1 Les examens préopératoires et postopératoires
Un très classique bilan sanguin préopératoire est obligatoire afin de mesurer vos taux de coagulation et de globules blancs. Ce bilan permet de vérifier votre bon état de santé général. Il est prescrit par l'anesthésiste à la visite préopératoire. Il vous faut avoir votre carte de groupe sanguin.
A côté de la prise de sang, des examens sont fait sur les organes concernés par l'opération. Ces examens sont soit préopératoires soit postopératoires ou les 2. Il est important de savoir qu'il y a de très grandes chances que votre chirurgien vous demande de subir un examen gynécologique. Cet examen peut être une échographie pelvienne ou une hystéroscopie. L'échographie permet de visualiser depuis l'extérieur (via une sonde placé sur votre pubis) vos organes pour vérifier que tout est normal. L'hystéroscopie consiste à glisser une caméra par voie gynécologique pour faire la même chose : vérifier que tout est normal.
Pour tous ceux qui envisagent de se faire opérer en Belgique à l'hôpital de Gent, il vous sera demandé de faire une hystéroscopie dans leur service de gynécologie. Pour les autres, il ne faut pas avoir peur de discuter des examens préopératoires avec votre chirurgien, d'exprimer vos craintes et demander une technique plutôt qu'une autre. Suivant votre sensibilité une échographie pelvienne peut être moins traumatisante qu'un examen gynécologique "classique". Il est même possible dans certains cas de ne pas avoir d'examen préopératoire et que le chirurgien pratique l'auscultation alors que vous êtes déjà sous anesthésie. Le dialogue entre vous et votre chirurgien est primordial pour que tout se passe dans les meilleures conditions possibles.
Coté postopératoire, une analyse des organes prélevés peut être effectuée pour vérifier s'ils sont sains et qu'aucune pathologie sous-jacente n'est présente (par exemple des cellules cancéreuses). Un autre examen postopératoire gynécologique peut vous être proposé afin de vérifier la suture vaginale pour les opérations effectuées par voie basse. Si vous n'en ressentez pas le besoin, vous êtes toujours libre de refuser cet examen situé environ 30 jours post-op.
4.2 Préparations préopératoire, convalescence et soins postopératoire
Préparation préopératoire
Les préparatifs sont simples et sont des mesures d’hygiène pour avoir les meilleures conditions de stérilité et d'hygiène lors de l’opération.
Il faut se raser entièrement le ventre, le pubis, le sexe ainsi que les cuisses. Suite à cela une ou plusieurs douches et shampoings à la bétadine sont nécessaires. Pour conclure avec les préparatifs, il faut être parfaitement à jeun (nourriture et eau) depuis plus de 10h avant l’opération et avoir pratiqué un lavement.
Pensez bien à aller au petit coin pour bien vider votre vessie avant l'opération. Cela peut potentiellement vous éviter un sonde urinaire à votre réveil .
Soins postopératoires et convalescence
Comme pour chaque opération, il faut prévoir le temps de s'en remettre. Votre réveil sera légèrement différent selon la technique que vous aurez reçu.
Pour la voie abdominale (laparotomie), il est possible que vous trouviez un drain abdominal à votre réveil. Celui-ci à pour but de bien re-plaquer la peau sur vos abdominaux. Sa pose n'est pas systématique et dépendra du déroulement de votre intervention et de la qualité d'élasticité de votre peau. Pour la coelioscopie et l'hystérectomie vaginale, votre réveil de l'anesthésie risque d'être accompagné de la présence d'une mèche vaginale si les organes ont été retirés par le vagin et si les saignements sont trop importants. Pour clore votre appareillage, et quelque soit la technique effectuée pour votre opération, le chirurgien pourra vous placer également une sonde urinaire.
Tout cela vous sera enlevé rapidement au cours des premières 24 ou 48h. Le retrait de la sonde et du drain ne sont pas très agréable et il faut tâcher de rester le plus détendu possible.
Durant les 3 ou 4 premiers jours postopératoires, vous aurez probablement des pertes de sang, c’est tout à fait normal. Toutefois, si ces pertes sont vraiment trop importantes ou durent trop longtemps, il vaut mieux ne pas prendre de risques et en parler au chirurgien.
En prévention de risque de phlébite, il peut être sage de porter des bas de contention pendant une dizaine de jours postopératoire (pas sexy mais utile et remboursé en majorité par la Sécurité Sociale ). En complément, il peut vous être prescrit en même temps une série de piqure quotidienne d’anticoagulant. L’hystérectomie est tout de même une opération avec pas mal de saignement.
bas de contention |
anticoagulant sous forme de piqûre sous-cutané Lovenox® |
La convalescence n'est pas particulièrement douloureuse, aussi faut-il savoir être raisonnable et ne pas trop s'agiter et faire des efforts inconsidérés pendant les 2/3 premières semaines. Il est conseillé d’être également un peu patient pour la reprise de l’activité sexuelle.
Dans les suites d’une hystérectomie par voie basse des pertes de sang légères peuvent survenir à plus de 10 jours postopératoires. Il s’agit généralement de la fin de cicatrisation et de la disparition des points de suture du fond du vagin. Si les saignements persistent ou sont abondants ou provoquent des douleurs vives, n’hésitez pas à contacter votre chirurgien ou à vous dirigez vers les urgences.
Les bains sont strictement contre-indiqués pendant 1 mois mais aucun souci avec les douches. Il est préférable de ne pas utiliser de l’eau trop chaude tant que les points sont toujours présents. Une fois les points tombés ou retirés, vous avez la possibilité d’utiliser des crèmes cicatrisantes (par exemple le Madécasol) afin de blanchir plus rapidement les cicatrices pour les rendre moins visibles.
5. Les chirurgien et le prix
L'hystérectomie est une intervention uniquement liée aux organes génitaux féminins. Donc, généralement les chirurgiens pratiquant cette opération sont des chirurgiens gynécologues obstétriciens. Cela inclut également la très forte probabilité de se retrouver dans un service gynécologique, ce qui est une chose assez rare pour un homme, il faut l'avouer ^^'. En cherchant bien, vous pouvez peut-être arriver à trouver un chirurgien généraliste ayant cette opération dans sa liste de compétence, mais je ne pense pas qu'ils soient extrêmement nombreux.
Je voudrais m'arrêter un petit moment sur la difficulté morale que rencontrent certains chirurgiens à pratiquer cette opération sur un transsexuel. Toucher à la sacro-sainte fertilité oh mon dieu... Vu le caractère irréversible de l'opération et vu que la majorité des personnes transsexuelles demandant cette opération sont âgées de 20 à 30 ans, bon nombre de chirurgiens refusent d'opérer. De manière tout à fait personnelle, je ne comprends pas ce que ça peut leur faire à partir du moment où le patient connaît les conséquences de l'intervention et signe une décharge. Bien sûr, on pourra me répondre que la France puni sévèrement la castration (assimilée à de la mutilation) sauf en cas de danger pour le patient (article 309 et 310 du code pénal avec de 2 à 5 ans d'emprisonnement). Je répondrais à cet argument que la loi a changé depuis novembre 2000. La stérilisation masculine, comme féminine, est maintenant autorisée suivant les conditions suivantes : visite chez un médecin, délai minimum de 2 mois entre la visite et l'opération et intervention réalisée dans un établissement de santé reconnu (cliniques, hôpitaux). De plus, cette intervention fait partie du protocole du "traitement du transsexualisme" reconnu par la sécurité sociale. A partir du moment où vous avez la lettre de votre psychiatre et celle de votre endocrinologue, votre demande à subir une hystérectomie est tout à fait légitime et ne devrait pas vous être refusée. Bien sûr, un chirurgien est toujours libre de choisir s'il veut vous opérer ou non et la transphobie est une réalité.
Le prix de cette intervention s'étale de 300€ à 2000€. C'est une fourchette importante qui s'explique par le fait que certains chirurgiens pratiquent des tarifs "spéciaux" pour les transsexuels en augmentant leurs suppléments d'honoraire de manière parfaitement abusive . En moyenne une hystérectomie totale coûte pour une femme entre 300 et 500€ de supplément d'honoraire. Il n'y a aucune raison pour que nous payions plus cher sous le prétexte de notre transidentité ou que nous n'ayons pas accès aux techniques opératoires les plus modernes.
Cette opération est légitime et nécessaire pour notre santé dans un premier temps et, dans un second, pour la suite de nos démarches administratives en vu du changement d'état-civil.
L'hystérectomie est une opération tout à fait banale pratiquée par tous les chirurgiens obstétriciens. De plus, une opération par cœlioscopie ne revient pas plus chère qu'une par incision abdominale et cette technique est très largement répandue. Il ne faut pas hésiter à démarcher différents chirurgiens près de son domicile et à faire jouer la concurrence. Dans la mesure du possible, préférez expliquer la « particularité » de votre demande lors d’un rendez-vous en face à face plutôt que par téléphone, mail ou courrier. De même, si le chirurgien montre des signes de réticence, mettez en avant les différents points que nous avons vus précédemment.
La Sécurité Sociale évalue le prix d'une hystérectomie totale par cœlioscopie à 324,94 € (code C.C.A.M JKFA006) pour une opération en hôpital public (secteur1 - sans supplément d'honoraire). C'est la somme qu'elle versera également à votre chirurgien/clinique pour l'intervention car l'hystérectomie fait partie de votre parcours de soin pour transsexualisme. Généralement cela couvre les frais de bloc opératoire. Ce montant sert aussi de base pour votre couverture mutuelle qui, suivant votre contrat, vous remboursera une partie plus ou moins grande des dépassements d'honoraire (cf. article "Sécurité sociale ").
Pour tout ceux qui sont ou pensent rejoindre une équipe dites "officielle" (cf. article "équipe officielle, équipe privée??? "), votre équipe a probablement déjà un chirurgien pour l'hystérectomie dans ses rangs. Donc pas besoin de chercher et pas de supplément d’honoraire puisqu'ils opèrent tous en CHU. Toutefois, il se peut que ce chirurgien ne pratique pas cette intervention suivant la méthode opératoire que vous auriez souhaitée. Dans ce cas là, sachez que vous êtes totalement libre de chercher un autre chirurgien qui vous convienne mieux. Cependant, il faudra probablement mettre la main au porte-monnaie comme les autres.
6. Questions/Réponses et idées reçues
6.1 Je ne souhaite pas dire à mes proches ou mes collègues de travail la véritable cause de mon opération, quelle excuse puis-je donner pour justifier mon hospitalisation ?
La réponse est non, il n'y a pas vraiment de date "limite". Il n'y a pas d'étude pour l'heure affirmant ou démentant une augmentation majeure des risques de cancer du col de l'utérus, de l'utérus (cancer de l'endomètre) ou des ovaires. Chaque individu est différent face aux risques cancéreux. Le suivi d'un traitement hormonal n'est pas un facteur majeur d'augmentation des risques à notre connaissance. Toutefois, comme je l'ai déjà dit, aucune étude n'est là pour confirmer quoique ce soit. L'hystérectomie est très fortement conseillée à tous les FTM sous traitement hormonal masculinisant afin de prévenir tous risques.
Pour résumer, vous n'avez pas d'échéance fixe. Cela vous laisse le temps de rassembler les fonds nécessaires à l'opération mais il est fortement conseillé de ne pas attendre 15 ans quand même ou alors de s'assurer d'un suivi gynécologique régulier.
6.3 Il est conseillé de faire l'hystérectomie en même temps que la mastectomie afin de réduire les risques opératoires. Vrai ou Faux ?
Il arrive parfois que l'hystérectomie soit proposée dans le même temps opératoire que la mammectomie. La principale raison invoquée est la réduction des risques opératoires liés à une anesthésie générale. Dans un sens c'est vrai et dans un sens c'est faux. je m'explique. Même si les anesthésies générales sont très bien maitrisées de nos jours, cela reste tout de même quelque chose d'important. Faire les 2 opérations en même temps ramène le nombre d'anesthésie subie à une seule. Donc, en effet, on réduit les risques d'accidents anesthésiques. Toutefois, plus une anesthésie est longue plus les risques d'accidents augmentent, faire les 2 opérations en même temps augmente le temps opératoire et donc les risques.
Finalement, l'avantage ou l'inconvénient de faire les 2 interventions en même temps, ne réside pas dans les risques liés à l'anesthésie. Certains chirurgiens insistent pour réaliser les 2 à la fois (on retrouve cela principalement en équipe officielle) pour une raison bien souvent financière : une seule réservation de bloc opératoire, une seule place en salle de réveil, une seule mobilisation de l'équipe de soin, de l'anesthésiste et du chirurgien. L'air de rien, tout cela fait une sacré économie. Bien sûr, il y a tout de même un avantage qui est tout bête : en une fois tout est fait . On peut alors entamer les étapes suivantes comme le changement d'état civil. Tout comme il y a un avantage, il y a un inconvénient : la récupération post-opératoire. Se remettre de la mastectomie n'est déjà pas agréable avec les drains et l'impossibilité absolue de se lever pendant 24h minimum, de grosses difficultés de mobilité des bras pendant environ 3 semaines; il faut rajouter à tout cela la récupération de l'hystérectomie : possibilité d'infection urinaire, fortes douleurs abdominales...
6.4 Si le but de l'hystérectomie est simplement la stérilité pourquoi ne pas faire une ligature des trompes ?
Cela pourrait être une possibilité mais cette technique n'est pas encore retenue dans le cas d'une transition FTM. En effet, la stérilité dû à une ligature des trompes n'est pas forcément définitive et fiable à 100%. Il est possible de faire déligaturer les trompes. Avec la plupart des tribunaux, la stérilité doit être totale et définitive pour prétendre au changement d'état civil.
6.5 Dois je avoir un suivi particulier face aux risques cancéreux ?
Comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas d'étude pouvant indiquer s'il y a une augmentation des risques cancéreux sur les organes génitaux féminin dû à la testostérone. Toutefois, votre suivi doit être celui de toute autre personne en fonction du type d'hystérectomie que vous aurez eu. Dans le cas d'une hystérectomie totale avec annexectomie, il n'y a tout simplement plus rien à surveiller, vous êtes donc tranquille.
6.6 Y a-t-il des contre-indications à l'utilisation des voies naturelles pour l'hystérectomie ?
Il n'y aucune contre-indication à l'utilisation des voies naturelles pour l'hystérectomie d'un transsexuel FTM. Il n'y a pas besoin que les voies naturelles aient été élargies (rapports sexuels avec pénétration, accouchement) pour une opération par coelioscopie. Malgré le fait que la testostérone provoque une atrophie importante de l'utérus et des ovaires, bénéficier d'une hystérectomie exclusivement vaginale est plus délicat si vous n'avez pas eu d'autres élargissements des voies naturelles. Une discussion avec le chirurgien et un examen seront probablement nécessaire pour définir si cette technique est réalisable dans votre cas. Il est important de retenir que la technique opératoire par voie haute n'est pas la seule possibilité !
6.7 Si l'on pratique la pénétration vaginale, y aura-t-il des conséquences sur la vie sexuelle après l'hystérectomie ?
La réponse est non, le vagin n'est pas touché par l'opération. Il est conseillé toutefois de respecter une période d'abstinence pour que la récupération soit totale.
Je tiens à remercier les différents chirurgiens à qui j'ai posé beaucoup de questions, ce qui m'a permis d'écrire cet article avec des sources médicales confirmées, n’étant pas moi-même médecin.
Cet article a été écrit pour tenter de répondre à un maximum d'interrogations concernant l'hystérectomie dans le cadre d'un parcours de transition FTM. Cet article est appelé à évoluer. Si vous avez des questions, des remarques ou des ajouts à faire, n'hésitez pas à m'en faire part.
**Cet article est soumis aux lois sur la propriété intellectuelle. Il est la propriété exclusive de son auteur.
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Tout contrevenant s’expose à des sanctions.
Date de création : oct. 2006
Dernière mise à jour : Septembre 2015