Vaginectomie et Uretroplastie
Cet article est un complément des 2 articles principaux traitant des techniques de chirurgies génitales destinées aux transsexuels femme-vers-homme (ftm). La construction d’un sexe de type masculin ne se limite pas forcément au pénis obtenu suite à la phalloplastie ou à la métoidioplastie. Il y a aussi la construction du scrotum : la scrotoplastie, la suppression totale de l’appareil reproducteur féminin d’origine : hystérectomie et vaginectomie, et, la modification du système urinaire pour permettre d’uriner par la verge : l’urétroplastie.
Tous les chirurgiens ne proposent pas forcement l’ensemble des éléments cités ci-dessus. Chaque élément peut être vu comme une opération à part entière demandant un savoir faire spécifique. Les compétences du chirurgien sont cruciales pour assurer un résultat opératoire concluant et des risques de complications post-opératoires les plus minimes possibles.
Le choix de réaliser tel ou tel acte doit être discuté entre le chirurgien et le patient. Au vu des risques et complications possibles le patient peut choisir de ne pas réaliser certaines choses ou alors d’aller consulter un autre chirurgien.
Nous allons au cours de cet article nous intéresser à la vaginectomie et à l'urétroplastie qui sont 2 actes chirurgicaux complexes.
1. La vaginectomie ou colpectomie
La vaginectomie, aussi appelée dans la littérature médicale colpectomie totale, consiste à retirer chirurgicalement tous les tissus qui constituent le vagin et à le refermer.
Le vagin est bien souvent à ce stade la dernière pièce restante de votre appareil génital de naissance. Si ce n’est pas le cas, une hystérectomie totale peut être réalisée en même temps (cf. article "Hystérectomie ").
Cette ablation est pratiquée le plus souvent suite à des cancers de l’endomètre ou suite à un prolapsus de l’utérus plus couramment appelé «descente d’organe». Cela reste une intervention peu commune et technique qui demande au chirurgien une connaissance parfaite en matière de chirurgie gynécologique obstétrique.
Voici la position des différents organes du bas ventre féminin:
1. Vessie 2. Ouraque 3. Ligament antérieur de la vessie 4. Canal de l'urètre 5. Rectum 6. Lacunes de l'extrémité inférieure du rectum 7. Trompe 8. Ovaire 9. Matrice : on voit le péritoine l'envelopper et se porter ensuite sur la vessie et sur le rectum 10. Vagin et ses muqueuses 11. et 12. Colonnes antérieure et postérieure du vagin 13. Clitoris |
Le principe technique de la vaginectomie est de réaliser une suture des 2 parois vaginales l'une contre l'autre jusqu'à l'entrée du vagin après avoir retiré toutes les muqueuses qui les recouvraient. Les muqueuses sont soit découpées et retirées, soit détruites avec l'aide d'un laser. Le vagin est alors définitivement et complètement fermé.
Cette opération nécessite une surveillance toute particulière de la vessie qui s'appuie sur les parois vaginales comme le montre la planche anatomique précédente. Le chirurgien doit s'assurer que la position de la vessie reste correcte et il doit même parfois la renforcer par des sutures spécifiques.
Suite à la vaginectomie, un drain (tube médical relié à une poche fonctionnant sur le système de la pompe à vide) est posé pour aspirer les saignements qui continuent à se produire après l'opération et pour assurer l'absence totale d'espace entre les 2 parois. Ce drain est conservé 2 à 3 jours post-opératoire et son retrait est douloureux mais rapide.
Malgré un principe opératoire assez simple à décrire cette technique médicale ne l'est pas. Le vagin est une zone fortement vascularisée et il y a divers risques importants et fréquents dont il faut tenir compte. Tous les chirurgiens n'ont pas les compétences techniques requises pour réaliser cette opération.
Dans ces conditions, certains chirurgiens procèdent juste à la destruction des muqueuses vaginales et n'obturent pas entièrement l'entrée du vagin. Étant donné que le vagin n'est pas fermé à l'intérieur, il est impératif de laisser une ouverture pour d'éventuels fluides et une possibilité de contrôle médical.
- Prolapsus de la vessie
La vaginectomie n'est pas une opération courante et sans risque comme je l'ai déjà dit. Le risque majeur est de toucher la vessie. En effet, l'ablation du vagin peut entraîner un déplacement de la vessie (prolapsus) pouvant provoquer des difficultés urinaires dont la gravité est variable. Il faut parfois ré-opérer si la gène occasionnée est trop importante. Les symptômes ne sont pas réellement typiques et ressemblent de prés à ceux provenant d'une complication liée à l'urétroplastie (cf. chapitre 5.Les risques et complications d’une urétroplastie ). Il y a les difficultés à uriner, le fait d'avoir très souvent envie, sentir sa vessie toujours lourde comme si on arrivait pas à la vider pour de bon. On note aussi que les envies d'aller aux toilettes sont tellement soudaines et pressentes qu'il est parfois impossible de se retenir complètement. On a donc une forme d'incontinence.
La seule façon de diagnostiquer une prolapsus de la vessie et de passer une échographie auprès d'un urologue avant et après avoir uriné pour situer la vessie et évaluer sa capacité à la vider totalement ou non.
- Les infections
La vessie peut aussi subir des blessures durant l'opération ce qui peut aboutir à des infections. Les signes sont généralement de la fièvre et/ou des crises de grands frissons accompagnés d'une forte douleur dans le bas ventre. Si l'infection atteint l'intérieur de la vessie, tous ces symptômes peuvent être accompagnés de brûlure lorsque on urine, l'odeur devient plus forte, plus nauséabonde et l'urine tend à être trouble et plus foncée. Dans ce cas, une analyse urinaire (ECBU) avec un antibiogramme permet de connaitre exactement le type d'infection et donc de choisir l'antibiotique le plus efficace. Dans les cas les plus grave, il est possible de recourir à une prise de sang et une nouvelle intervention chirurgicale peut s'avérer nécessaire si la vessie ne se cicatrise pas toute seule.
- Les hémorragies
Le risque le plus courant avec cette opération est vraiment l'hémorragie.
Le vagin et surtout les muqueuses qui le tapissent, sont des tissus ayant une forte irrigation sanguine. Du coup, l'opération provoque des saignements importants ce qui accroît le risque de devoir recourir à une transfusion sanguine durant l'opération et même après si vous avez perdu trop de sang.
Les transfusions sanguines, malgré les nombreux tests réalisés, ne sont pas sans risque et il est plus que conseillé de faire dans les 3 mois suivant une prise de sang de contrôle.
Le risque principal est l'apparition d'anti-corps « irréguliers » qui viendraient détruire les globules rouges de leur propre organisme. Dans la même veine, nous avons aussi les risques d'incompatibilité leucoplaquettaire qui peuvent avoir de graves conséquences sur les poumons. Dans ce cas, c'est le sang transfusé qui contient des anti-corps capablent d'attaquer l'organisme du receveur C'est pourquoi la compatibilité du sang est toujours testée minutieusement et à plusieurs reprise. Il y a également le risque d'être contaminé par un virus (VIH, hépatite B ou C, etc... ) ou de développer une infection bactérienne (plus fréquent).
Avant n'importe quelle opération chirurgicale il ne faut jamais oublier sa carte de groupe sanguin ou de se faire prescrire sa réalisation par le chirurgien, l'anesthésiste ou votre médecin traitant. Certes, les contrôles sont nombreux et stricts, mais le risque zéro n'existe pas en matière de transfusion sanguine.
Pour limiter les risques liés à une transfusion sanguine, il est possible de faire réaliser des poches de votre propre sang au cas où vous en auriez besoin pour l'opération. On appelle cela un don autologue ou autotransfusion. Il faut en faire soi-même la demande auprès du chirurgien et prévoir cela au minimum 5 semaines avant la date opératoire. Il faut que le corps ait eu le temps de reconstituer le sang prélevé avant l'opération. Cette méthode enlève tout risque d'infection virale ou de problème de compatibilité. Par contre, le risque de contagion bactérienne reste identique.
1.C Les avantages de faire une vaginectomie
L’ablation du vagin va entraîner sa fermeture définitive en toute sécurité. A partir de là, plus aucun suivi gynécologique ne sera nécessaire dans l'avenir. En cas de petit souci ce sera à un urologue qu'il faudra s'adresser. De plus, tous les risques de cancer du col de l'utérus ou du vagin sont définitivement écartés.
Il ne faut jamais perdre de vue que le traitement hormonal à base de testostérone agit sur les muqueuses vaginales. La vaginectomie ôte tout risque pour votre santé sur le long terme de ce coté là. En l’absence de celle-ci, un suivi gynécologique régulier sera totalement indispensable en vieillissant.
Il est également important d'insister que le fait que de faire ou non la vaginectomie influe sur la construction du scrotum (bourse contenant les testicules et donc pour un transsexuel, les implants testiculaires). Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article de ce site dédié à la scrotoplastie .
2. L'urétroplastie
L’urétroplastie, dans le cadre d'une opération génitale pour un transsexuel FTM, est une intervention chirurgicale qui a pour but de rallonger l’urètre et de déplacer le méat urinaire. L'urètre est le canal qui s'étend de la vessie jusqu'au bout du gland, c'est à dire tout le long du pénis, pour permettre l'évacuation des urines. Le but final est donc de pouvoir uriner en position debout.
Ce genre de chirurgie urologique est sensible mais tout à fait réalisable. Les complications étant assez fréquentes, il est indispensable de choisir judicieusement son chirurgien et de ne pas hésiter à exiger de connaître les statistiques des résultats de ces précédentes opérations. Il existe des chirurgiens ayant un grand savoir-faire en la matière mais ils ne sont pas nombreux et pas forcément en France...
2.A Technique de construction de l'urètre dans le cadre d'une métoidioplastie (méta)
La métoidioplastie (ou méta) est l’intervention qui consiste à modifier le clitoris qui s’est allongé et épaissi sous l’action de l’hormonothérapie, on le nomme également dicklit (cf "les effets de la testo ").
Le méat-urinaire est initialement situé juste sous le clitoris comme le montre le schéma ci-dessous :
L’allongement est donc fait sur une longueur assez courte quand il est réalisable. En effet, l'urétroplastie ne peut pas être pratiquée sur une métoidioplastie (méta) dont le pénis présente une longueur inférieure à 2 cm. Si les conditions sont remplies, le chirurgien peut recourir à un prélèvement soit de muqueuses vaginales soit de muqueuses buccales qui vont devenir le tissus du nouveau canal.
Il s’agit d’une bande de quelques cm carré en fonction de la longueur du pénis bien sûr. Comme mentionné précédemment, la testo agit sur les muqueuses vaginales et peut les abîmer (assèchement, fragilisation). Vu qu’il s’agit ici d’une greffe de tissus, il est indispensable que les tissus soient les plus sains possibles. Si les muqueuses vaginales ne répondent pas aux critères d’exigences de l’opération, le chirurgien se rabat sur un prélèvement de muqueuses buccales.
Pas de panique, il s’agit de prélever un morceau de muqueuse à l’intérieur de la joue. Cela n’a aucune conséquence sur la qualité de l'urétroplastie et ne provoquera aucune cicatrice visible supplémentaire. Durant quelques jours après l'opération il est conseillé de manger froid et de prendre de la crème glacée . La cicatrisation est rapide.
Une sonde urinaire est placée au début de l'opération. Cette sonde va être incorporée au pénis et les muqueuses prélevées vont être suturées tout autour pour former le nouveau conduit urinaire.
2.B Technique de construction de l'urètre dans le cadre d'une phalloplastie
L'urétroplastie peut être faite en même temps que la phallo ou dans un second temps après la prise du greffon.
Pour réaliser un allongement de l'urètre dans le cadre d'une phalloplastie, les chirurgiens utilisent un lambeau de muqueuses vaginales et ce, même s'ils ne pratiquent pas de vaginectomie. Les muqueuses sont prélevées dans la zone antérieure du vagin (vers l'entrée).
Ces muqueuses servent à créer la première partie du nouvel urètre, elles sont enroulées et cousues autour d'une sonde urinaire placée au début de l'opération. Pour le reste de la longueur du pénis et pour pouvoir arriver au nouveau méat urinaire, le chirurgien va utiliser un lambeau de peau et de chair qu'il aura prélevé sur une autre partie du corps (généralement l'avant-bras ou la cuisse) et qui va constituer le nouveau pénis (cf. article "Phalloplastie "). Il va complètement retirer l'épiderme de la zone devant constituer le prolongement de l'urètre et le suturer le long de la sonde comme précédemment jusqu'à le rattacher à la première zone réalisée avec les muqueuses vaginales.
L'allongement de l'urètre étant d'une longueur de plus d'une dizaine de cm, les risques de complications post-opératoires sont d'autant plus grands.
3. Les soins post-opératoires de l’urétroplastie.
Cette opération demande des soins et une surveillance appropriés après l'opération. Il faut compter entre 21 et 25 jours avant de pouvoir uriner pour la première fois par le nouvel urètre.
Durant cette période, la sonde urinaire qui a servi à former le canal est conservée pour empêcher tout écoulement par le nouvel urètre et bloquer les sphincters. L'évacuation de l'urine se fait par un cathéter sus-pubien aussi appelé sonde d'urostomie, cathéter supra-pubic ou cystocat. Ce cathéter est relié à une poche à urine durant les 7-9 premiers jours puis, il est fermé par un bouchon que l'on peut manipuler soi-même lorsqu'on ressent l'envie d'aller aux toilettes. Ce système permet de retrouver plus d'autonomie et un peu plus de mobilité.
Pour compléter « l'équipement », il y a également un cathéter supplémentaire dans l'urètre conservé grosso-modo durant les 5 jours suivant directement l'opération.
Pas de panique, nous allons détailler un peu plus tout cela .
Il s'agit d'un tube plutôt fin qui s'élargit à l'extérieur tel un petit entonnoir. Il est maintenu par un point de suture sur le gland. Ce type de cathéter sert à assurer l'humidification du nouvel urètre.
En effet, l'urètre étant réalisé à partir de muqueuses, il faut qu'elles cicatrisent et retrouvent leur vascularisation et surtout pas qu'elles se dessèchent ou que des caillots se forment. On injecte donc régulièrement (plusieurs fois par jour) du sérum physiologique via ce cathéter dans l'urètre. Le rythme d'injection est décroissant jusqu'à son retrait et l'humidification en elle-même est indolore.
La sonde urinaire sert au départ de guide à la construction de l'urètre puisque les tissus sont positionnés tout autour. Mais elle a aussi un rôle de protection. En effet, elle prévient tout risque de fermeture lors de la cicatrisation et, surtout, empêche l'urine de le parcourir. Celle-ci pourrait endommager les tissus déjà fragilisés lors de l'opération et provoquer des infections ou pire, une nécrose.
Cette sonde ne demande pas de soin en particulier mais elle peut s'avérer souvent gênante et inconfortable à cause des frottements des vêtements. Elle est réellement très importante et doit être conservée de 3 à 4 semaines.
Son retrait peut être fait par un(e) infirmier(e) à domicile ou un urologue, c'est très rapide. Il y a en fait un petit ballonnet gonflé d'air qui coince l'entrée de la vessie. A l'autre bout de la sonde, on trouve un embout spécial qui permet de placer une seringue et d'aspirer l'air du ballon. Une fois le ballon dégonflé, la sonde est libérée, il suffit de la faire glisser doucement. On ne peut pas dire que ça fasse mal, on ressent surtout une sensation étrange et pas vraiment agréable.
Le cathéter sus-pubien a le même but que la sonde, il est là pour favoriser la cicatrisation de l’urètre qui a été rallongé. Les tissus ne reçoivent pas de tension ni d’impuretés liés à la miction (passage du jet d'urine) tant que la cicatrisation n’est pas complète. Cela permet de prévenir au maximum les risques de sténose et de nécrose des tissus qu’il a fallut rajouter pour compléter l’urètre.
Ce cathéter est posé durant l'opération. Il est implanté dans la vessie en traversant la paroi abdominale au niveau du pubis. Le tube est maintenu en place par une suture et relié à une poche à urine. En effet, la poche est rarement placée à la sonde urinaire pour éviter qu'elle ne tire dessus avec le poids, provoque des frottements et ne perturbe la cicatrisation.
Entre le 7ième et le 9ième jour il est possible de supprimer la poche à urine au profit d'un bouchon amovible. Ainsi on retrouve un peu plus d'autonomie et la possibilité de se rendre aux toilettes "normalement". Au départ, il faut y aller à heure régulière toutes les heures, puis toutes les 2 heures et ainsi de suite jusqu'à retrouver la sensation d'avoir envie d'aller aux toilettes. La vidange de la vessie se fait simplement en enlevant le bouchon et en le remettant quand on a terminé. Durant la phase de récupération des sensations de la vessie, il est possible de placer à nouveau, pour la nuit, une poche afin de pouvoir se reposer ( ce qui est primordial après une opération).
Le cathéter laisse sur le pubis un orifice assez marqué qu'il faut surveiller le temps que la plaie se referme complètement. Pour se faire, on place un pansement compressif et/ou du stéri-strip durant quelques jours. Il faut bien veiller à la propreté du pansement en le changeant régulièrement et en nettoyant la zone à la Bétadine plusieurs fois par jours.
4. La reprise de fonction urinaire
Après l'urétroplastie et le temps passé avec les sondes, il faut un peu de temps pour retrouver une fonction urinaire tout à fait normale.
Les sphincters doivent se remettre du traumatisme dû à la présence de la sonde et l'allongement de l'urètre entraîne aussi une modification du ressenti lors de la miction (action d'uriner).
Le jet est différent et les toutes premières fois aux toilettes ne sont pas franchement agréable et un peu angoissante. Il faut forcer pour faire sortir l'urine avec des sensations ponctuelles d'expulsion facilitant le passage dans l'urètre. Le cathéter sus-pubien est toujours présent les tous premiers jours et il perturbe aussi la miction. Après son retrait les choses ont tendance à devenir plus facile. La pression qu'il faut exercer sur sa vessie les premières fois demande un vrai effort physique. Il est important de bien se concentrer et de lutter contre soi-même pour réussir à faire sortir l'urine. En effet, le réflexe naturel est de vouloir arrêter de forcer face à l'inconfort qu'on ressent.
Des incontinences urinaires ponctuelles sont courantes juste avant de ressentir le besoin d'aller aux WC (quelques gouttes). Il est important d'y aller régulièrement même si on en a pas particulièrement envie. La pratique d'arrêts et de reprises volontaires du jet est conseillé pour se rééduquer. Pour finir, boire un peu plus qu'à la normale est recommandé car, en plus d'aider à aller régulièrement aux toilettes, cela prévient les petites infections urinaires qui pourraient survenir.
Plusieurs jours sont nécessaire pour que les choses rentrent dans l'ordre progressivement. Au vu des difficultés pouvant être rencontrées au départ, la position assise est extrêmement indiquée. Vous aurez tout le temps de vous entraîner debout par la suite .
La reprise de la fonction urinaire est un moment clé dans la convalescence car c'est réellement à partir de là que les complications (cf. chapitre 5.Les risques et complications d’une urétroplastie), s'il y en a, deviennent visibles. Dés les premiers pipis il est important d'être vigilant à tout écoulement anormal de l'urine ou toutes "choses bizarres" comme une incontinence trop marquée, des envies trop fréquentes, des brûlures etc... et d'en référer à son chirurgien. Il vaut toujours mieux les embêter pour rien que de trop attendre .
5. Les risques et complications d’une urétroplastie
Je ne parlerai pas ici des complications classiques qu'on retrouve pour tous les types de chirurgie comme l'infection bactérienne "classique" ou les problèmes de cicatrisations mais juste des risques spécifiques à l'urétroplastie.
La nécrose est la complication la plus grave. Les tissus greffés pour constituer l'urètre ne parviennent pas à reprendre une irrigation sanguine suffisante et meurent. Cette complication arrive généralement dans les 2 premières semaines suivant l'opération. Elle se caractérise par une poussée de fièvre, une forte odeur nauséabonde et des écoulements anormaux le long du pénis.
Suite au travail de suture tout le long de l'urètre, il peut arriver qu'une ouverture apparaisse ente l'urètre et l'extérieur du corps à un endroit anormal.
Une fistule peut apparaître n'importe où entre la base du pénis au niveau des bourses jusqu'au niveau du prépuce et du gland. Sa taille est variable et n'est pas forcement visible à l'œil nu, c'est ce que l'on appelle des micro-fistules. Toutes les tailles ont été observées de moins d'un millimètre à 1 ou 2 cm. Le stade critique d'apparition de fistule s'étend jusqu'à environ 2 mois post-opératoire. Parfois les micro-fistules peuvent s'étendre et devenir visible plusieurs années après l'intervention.
Dés les premiers jours, il convient de bien surveiller la zone du conduit urinaire pour s'assurer que tout est propre et que la peau est normale, c'est à dire le dessous du pénis. Toutefois il n'est pas réellement possible de les détecter avant d'avoir repris une fonction urinaire totale.
Après le retrait de la sonde, si de l'urine vient à s'écouler de façon anormale il faut contacter son chirurgien pour lui en parler et éventuellement procéder à une auscultation rapidement. Une fistule est un terrain favorable à l'infection urinaire qu'il convient de suivre dés les premiers signes.
Les fistules se cicatrisent soit d'elles-même, soit se réparent par chirurgie mais il ne s'agit pas, dans la très grande majorité des cas, d'une situation d'urgence. Plusieurs mois (fréquemment jusqu'à 6 mois) peuvent séparer la détection d'une fistule et sa réparation. En effet contrairement à la nécrose, il n'y a pas mort de tissus mais simplement un défaut de cicatrisation. Bien souvent une simple suture parvient à régler le problème avec ou sans recours à une nouvelle sonde le temps de la cicatrisation. Malheureusement, si la fistule est très étendue, il faut parfois complètement refaire une zone de l'urétroplastie initiale.
La vessie est un rare endroit à l'intérieur du corps qui est parfaitement stérile. Elle est d'autant plus sensible à toute intrusion. La mise en place de la sonde urinaire et du cathéter sus-pubien sont des portes d'entrée potentielles pour les germes et les bactéries. Les symptômes d'une infection urinaire sont variés : de la fièvre, des crises de frissons, une urine de couleur particulièrement foncée ou trouble, une odeur forte, des brûlures lorsque on urine, des envies fréquentes et extrêmement pressantes, incontinences ponctuelles. Tous les symptômes ne se manifestent pas à chaque fois, ils dépendent principalement de la nature de l'infection.
Pour adapter un traitement, il faut réaliser une analyse d'urine : un ECBU, Examen CytoBactériologique des Urines. Cet examen va permettre de connaitre précisément le germe ou la bactérie à l'origine de l'infection. Une fois l'intrus identifié, on réalise un anti-biogramme. Cela permet de tester l'efficacité de toute une gamme d'antibiotique sur la souche de l'infection.
Cette complication se soigne très bien avec les antibiotiques qui sont choisis à partir du résultat de l'anti-biogramme pour être le plus efficace possible. Les infections urinaires sont courantes suite à ce type d'opération et peuvent se déclarer plus de 1 mois après.
L'anti-biogramme est vraiment essentiel dans le choix du traitement et son efficacité. En effet, certaines souches sont plus résistantes que d'autres. Pour aider votre corps , en plus du traitement, il faut vraiment bien boire pour vider régulièrement la vessie et éliminer les intrus. Pour une souche sensible le traitement dure 8 à 10 jours, pour des souches résistantes il faut parfois plus d'un mois et plusieurs antibiotiques différents.
La bactérie la plus courante est Escherichia coli qui représente 75% des infections, mais il y en a beaucoup d'autres comme le staphylocoque aureus qui possède quelques variantes résistantes à certains antibiotiques.
Les symptômes sont assez caractéristiques et deviennent avec le temps de plus en plus marqués :
- Le jet est de petit diamètre et il a tendance à partir en "tuyau d'arrosage"
- Le jet n'a aucune puissance et parfois il coule simplement le long du pénis, on arrive plus à expulser l'urine ("dysude") et parfois, au contraire, on ne peut pas en contrôler l'arrêt
- Il faut réellement forcer pour vider un peu la vessie
- La vessie ne se vide plus totalement, on ressent une lourdeur continuelle dans le bas ventre
- Comme la vessie ne se vide pas, il faut aller très souvent aux toilettes, y compris plusieurs fois par nuit ("pollakuirie")
- On ressent des envies très soudaines et incontrôlables ("impériosité") d'uriner, donnant aussi parfois des incontinences légères
Si vous observez ces symptômes, il faut aller consulter rapidement un urologue pour ne pas prendre le risque d'aboutir à la forme la plus grave que j'ai évoqué précédemment. Il y a 2 tests très simples à passer pour finir de poser le diagnostique :
- Un contrôle par ultrason (échographie) de la vessie avant et après d'être aller aux toilettes qui permet de déterminer exactement votre capacité à la vider
- Une débitmétrie, il s'agit de mesurer la qualité du jet, sa forme et son diamètre. Ce test se réalise très simplement en pissant dans des toilettes spécialement équipées de capteurs en tout genre.
La sténose pouvant se trouver près du gland, le long du pénis ou plus proche de la vessie, il est fondamental de la localiser. Pour cela le médecin peut réaliser une urétroscopie. Cela consiste dans un premier temps à injecter dans l'urètre avec une seringue un gel de xylocaine qui va provoquer une anesthésie locale sous 10 minutes. Ensuite, une micro caméra spécialement conçue pour explorer jusqu'à la vessie (cystoscope) est glissée par le méat qui permet au médecin de localiser directement la sténose ainsi que son diamètre.
Il existe un autre système que l'on nomme l'urétrographie, il s'agit d'utiliser une série de clichés radiographiques pris pendant qu'on urine. Cette technique est plus longue et plus complexe à réaliser.
Une fois la configuration de sténose pleinement connue, le traitement est choisi parmi 3 possibilités :
La première est de réaliser une dilatation. Elle est faite sous anesthésie locale grâce au même gel que pour l'urètroscopie. Une série de sondes très souples, appelées bougies, de diamètres croissants sont introduit dans le canal afin de le dilater peu à peu et de lui faire reprendre une taille adéquate. Cette méthode à l'avantage énorme de ne pas entrainer d'hospitalisation mais il n'y a aucun contrôle visuel durant l'intervention pour s'assurer du bon déroulement et du résultat.
Hormis la dilatation, l'urologue peut pratiquer une urétrotomie. Toujours sous anesthésies locales, un cystoscope équipé spécialement pour l'occasion est glissé dans l'urètre. Il permet d'avoir un contrôle visuel par caméra et d'actionner une minuscule lame de bistouri qui va ouvrir la sténose. Suite à cela, une sonde est placée durant 3 à 5 semaines pour assurer une bonne cicatrisation. Cette incision directement dans l'urètre nécessite un bon accompagnement antibiotique car cela accroit nettement le risque d'infection post-opératoire immédiate. Il s'agit d'une intervention ambulatoire : on arrive le matin et on repart le soir.
Pour finir la solution la plus radicale est de procéder à une ouverture longitudinale, sous anesthésie péridurale, du pénis à l'endroit de la sténose pour ôter la portion de l'urètre sténosé et de reconstituer le canal. Là aussi une sonde est obligatoire de 3 à 5 semaines. A l'inverse de l'urétrotomie, l'avantage est que le risque d'infection est moindre mais il faut être anesthésié et hospitalisé 48h.
Il convient de refaire 2 à 3 mois plus tard une nouvelle débimétrie pour surveiller et prévenir au mieux les risques de récidive.
6. Questions et idées reçues
6.1 Puis-je faire une urétroplastie ultérieurement à ma phallo ou ma méta ?
Oui, certains chirurgiens préfèrent réaliser l'urétroplastie au cours d'une seconde intervention surtout pour la phalloplastie afin de laisser la vascularisation du greffon se rétablir avant de l'ouvrir à nouveau et rajouter de nouveaux tissus. Pour ce type d'intervention les discussions avec le chirurgien sont primordiales pour bien comprendre la motivation des choix techniques et être en totale confiance.
6.2 Ne pas faire d’urétroplastie me donne-t-il plus de chance de retrouver une meilleure sensation sexuelle sur la verge suite à une phalloplastie ?
Non, faire ou non l'urétroplastie n'influe pas sur la récupération des sensations tactiles et sexuelles du pénis. Cela dépend uniquement de la qualité du chirurgien et de son travail pour la préservation et la connexion des nerfs.
6.3 Est ce que la vaginectomie provoque une diminution des sensations sexuelles ?
La vaginectomie rend tout rapport vaginal impossible de manière définitive. Les muqueuses sont ôtées mais les connexions nerveuses principales ne sont pas touchées. Les sensations sexuelles « clitoridiennes » ne sont pas diminuées. L'ensemble des sensations sera tout de même légèrement différente.
6.4 Peut-on faire la vaginectomie en même temps que l'hystérectomie ?
Oui, le chirurgien peut ôter le vagin durant la même intervention que l'hystérectomie totale. Toutefois, il faut trouver le chirurgien qui convienne car la vaginectomie est une opération plus technique, plus risquée et moins courante que l'hystérectomie.
Article* écrit pour vous par Izechiel.
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Tout contrevenant s’expose à des sanctions.
Date de création : nov. 2008
Dernière mise à jour : mai 2014