Quand on se sent d'un genre tendant vers le masculin et qu'on décide d'entamer un parcours transsexuel, il est difficile de s'y retrouver parmi ce flot d'informations. Il y a quantité de choses à dire et à savoir sur la transsexualité pour être bien armé et savoir ce que l'on veut, ce site en est un exemple flagrant. C'est pourquoi, nous rédigeons à nouveau un parcours « type », mais qui n'est qu'un point de départ aussi complet que possible. Ce qui suit n'est donc ni exhaustif, ni obligatoire ni le reflet d'une marche à suivre. Cet article n'est là que pour tenter d'y voir plus clair avant d'entamer la lecture d'articles plus spécifiques et doit être lu en lien avec l'article "
Équipes officielles ou privées ?".
- Le psychiatre
- L'endocrinologue et les hormones
- Les premières chirurgies
- La chirurgie génitale
- État-civil
1. Le psychiatre
Comme vous vous en doutez déjà, il faut voir un psychiatre avant de pouvoir entreprendre quoi que ce soit, du moins dans la plupart des cas. Pourquoi un psychiatre ? En théorie, on peut s'attendre à ce que ce dernier soit chargé de vous aider à passer certains caps difficiles comme le coming out, oser sortir attifé en bûcheron même si vous n'aviez jamais cédé à vos envies jusqu'à maintenant, vous aider dans une rétrospective de votre vie, déculpabiliser de ce que vous imposez à papa et maman etc... La travail ne manque pas et ça pourrait être ainsi mais je vous arrête tout de suite, à moins de tomber sur une perle, toutes ces choses, votre psy s'en moque comme de sa première dent de lait.
Dans les faits la présence d'un psy est bien plus pragmatique que ça. Comme vous devez vous en douter (cf. "
Psy ?"), le psychiatre est là en premier lieu pour vérifier que votre demande n'a pas pour origine une schizophrénie, un état psychotique ou une fuite en avant basée sur un refoule quelconque. Bref, il doit vérifier que vous êtes bien un authentique label rouge trans' et "qu'aucun trouble psychiatrique caractérisé" ne se cache dans votre caboche ou est en lien avec votre sentiment d'être trans. Rappelons d'ailleurs que la transidentité n'a, à ce jour, aucune explication que ce soit psychologique ou biologique. Le psychiatre doit donc éliminer une à une les possibilités qui expliqueraient rationnellement votre sentiment d'appartenir à un autre genre que celui de naissance.
Enfin, une fois que votre psy juge que vous êtes bien transsexuel, il doit rédiger une attestation (ou certificat) expliquant que vous êtes vraiment FTM et prêt pour la suite (hormones, chirurgies, etc). Pour cela, n'hésitez pas à lui rappeler de temps en temps la raison pour laquelle vous venez le voir et ce que vous attendez de lui, c'est à dire entamer une transition, chirurgie, bref du concret. Si vous ne ressentez pas le besoin d'être suivi par un psychiatre, rien ne vous oblige à continuer de le voir après l'obtention de votre feu vert sauf si vous comptez sur le remboursement pour une phalloplastie ou une méta (cf.
Sécurité sociale).
Un problème s'impose alors parfois à vous : vous ne vous sentez pas fou et vous ne voyez pas l'intérêt personnel de voir un psy et encore moins un psychiatre. Malheureusement, malgré toutes les revendications allant dans le sens de la dépsychiatrisation, à l'heure actuelle la transsexualité fait toujours partie des maladies psychiatriques, notamment dans le DSM IV et la CIM10, les deux principaux ouvrages de référence des troubles mentaux. S'il est possible (avec beaucoup de chance, une bonne étoile, quelques prières et un bon litre d'eau bénite) de trouver un endocrinologue ou un médecin généraliste qui vous prescrirait des hormones sans l'accord d'un psy, cette tâche est très difficile, et trouver des chirurgiens l'est encore plus. En effet, la plupart des chirurgiens refusent déjà, même en toute légalité, d'opérer les transsexuels. Par conséquent, en vous mettant dans une posture encore plus bancale, le choix n'en est que restreint surtout pour les ftm où la mammectomie et l'hystérectomie se fait dans 90% des cas en France. Malgré tout, à chacun de décider en son âme et conscience de sa destinée
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Passons au pratique à présent. Pour trouver un psychiatre il n'y a pas 36 solutions. La première est d'éplucher votre annuaire et de prendre rendez-vous jusqu'à trouver une personne prête à vous suivre et suffisamment ouverte sur cette problématique. La seconde est de trouver une adresse par le bouche à oreille. De mon point de vue, il est capital de dire en face au psychiatre la raison pour laquelle vous venez le voir. Le transsexualisme est encore méconnu, il existe de nombreux a priori, et il est plus facile de dire non à une voix au téléphone qu'à une personne bien réelle. Bien sur ça demande un peu de courage, mais il faut s'y habituer car la marche à suivre sera toujours la même.
Enfin, concernant le suivi psy, aucune loi ne demande un minimum de deux ans. Cette échéance des deux ans minimum n'est fixée qu'au sein de certaines équipes officielles mais n'ont rien de légales. Le seul délai existant est, comme je le disais précédemment, de deux ans de suivi pour obtenir le remboursement d'une phalloplastie, ce qui n'engage en rien les hormones et les autres actes chirurgicaux. En revanche, chaque psychiatre à le droit d'avoir sa marche à suivre, à vous de le choisir en fonction de vos exigences et de vos attentes.
2. L'endocrinologue et les hormones
Un endocrinologue est un médecin spécialiste des hormones. En général, c'est le psychiatre qui décide de vous donner le feu vert sous forme d'une attestation. Il peut alors vous conseiller un endocrinologue de sa connaissance ou vous laisser le choisir. Quoi qu'il en soit, rien ne vous oblige à être suivi par un médecin qui vous donne de l'urticaire.
En théorie, tout médecin endocrinologue doit être apte à prescrire un traitement hormonal de substitution (THS). Dans les faits, il arrive souvent que l'évocation du mot transsexuel efface subitement toutes leurs connaissances en matière d'hormonothérapie. Comme pour le psychiatre, je ne saurais trop vous conseiller de vous rendre sur place pour exposer votre « problème », car une fois encore il est plus facile de se dérober par téléphone qu'en face à face. Vous pouvez aussi demander à votre psychiatre de vous aider en appelant lui-même des endocrino. Le médecin aime ses compères
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Tout bon endocrinologue ne donnera pas votre ordonnance au bout de 15 minutes d'entretien. Il faut d'abord faire au moins une prise de sang. Cet examen est chargé de vérifier, entre autres, vos taux hormonaux et veiller à ce qu'il n'y ai pas de contre-indication à la prise de testostérone ou de facteurs nécessitant un contrôle particulier. Principalement, sont vérifiés le cholestérol, la thyroïde, le diabète et d'éventuels problèmes du foie (cf. "
Risques et suivi de la THS " )
Généralement, il n'y a pas de gros risques pour que la THS vous soit refusée même si un problème est détecté lors de la prise de sang. Il est presque toujours possible d'avoir une hormonothérapie quitte à prendre quelques précautions supplémentaires comme un régime alimentaire adapté, un suivi encore plus régulier ou des dosages de testostérone légèrement différents. En parfaite santé ou non, vous avez tout intérêt à refaire une prise de sang une à deux fois par an au moins et ce, tout au long de votre vie.
Une fois l'ordonnance en votre possession, vous n'avez plus qu'à vous rendre à la pharmacie la plus proche de chez vous. Le traitement le plus commun sont les injections d'Androtardyl à faire tous les 15 jours/3 semaines, que vous pouvez effectuer vous-même ou par un infirmier (cf. "
Injection de Testo "). Mais il existe d'autres traitements comme des cachets, des crèmes ou des injections aux modes d'actions différentes de l'Androtardyl (cf. "
Les traitements ").
3. Les premières chirurgies
3.a La mammectomie
Pour beaucoup, la mammectomie reste, avec la THS, l'étape la plus importante. Ce débarrasser des seins, pouvoir se mettre torse nu, ne plus étouffer sous un binder, sont autant de justifications à cet état. Il existe différentes techniques selon la taille et la forme de chaque poitrine (cf. "
La mammectomie"), et nous vous conseillons de ne pas hésiter à avoir plusieurs avis avant de faire le choix définitif.
Pour pouvoir bénéficier d'un mammectomie il faut au préalable au moins l'accord d'un psychiatre attestant de votre transidentité et du fait que vous êtes prêt pour cette opération. L'ablation des seins n'est pas une chirurgie esthétique comme les autres, il est éthiquement très difficile de se masculiniser à ce point.
Demander une mastectomie n'est pas une opération esthétique anodine ou maîtrisée par n'importe quel chirurgien. Elle n'a rien à voir avec une réduction mammaire où l'on enlève seulement une partie des seins tout en gardant un volume harmonieux. Dans votre cas, le chirurgien doit savoir reconstruire un torse plat sans creux ni bosses, bien souvent tailler les aréoles et les replacer plus haut de façon symétrique. Bref, ça demande de vraies compétences, c'est pourquoi il est important de bien se renseigner et d'exiger de voir des photos de plusieurs résultats du chirurgien et de lui poser de nombreuses questions pour s'assurer qu'il maitrise bien son sujet. Selon moi, s'il n'y a pas de photos alors qu'il vous dit pratiquer, c'est qu'il y a anguille sous roche
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3.b L'hystérectomie
L'hystérectomie est l'opération destinée à vous rendre stérile en ôtant l'appareil génital interne, condition obligatoire dans 99% des tribunaux pour un changement d'état-civil complet. Comme pour la mammectomie, les pré-requis pour une hystérectomie est d'avoir l'accord certifié d'un psychiatre. En revanche, trouver un chirurgien est moins difficile en théorie (mais en théorie seulement
). En effet, chaque ville dispose de plusieurs chirurgiens (gynécologie-obstétrique) compétant pour cette opération. Ainsi, il vous est tout à fait possible d'aller voir n'importe quel chirurgien pratiquant cette intervention pour lui demander de vous opérer.
Comme à chaque fois, vous trouverez de nombreux médecins qui, bien que pour vous l'intervention soit reconnue par la sécurité sociale, refuseront de vous prendre en charge à cause de votre transsexualité. Cependant, c'est la meilleure manière de faire des économies, car si certains chirurgiens réputés trans-friendly prennent près de 1500€ de suppléments d'honoraires, le prix restant à charge pour cette intervention est habituellement autour des 300/500€. Autant dire que ça n'a rien à voir.
Concernant les possibilités d'interventions, vous pouvez ôter seulement l'utérus, ou les ovaires (ovariectomie) ou faire une hystérectomie totale (ovaire, utérus et trompes). Pour votre santé, le principal est d'enlever les ovaires car la testostérone agit dessus, les atrophies et les rend polykystiques souvent accompagnés de douleurs. Au niveau des techniques il y en a trois : par voie basse ou par coelioscopie qui ne laissent toute deux aucune ou peu de cicatrices, et par laparoscopie (voie haute) qui se fait par une ouverture abdominale (cf. "
L'hystérectomie" ).
4. La chirurgie génitale
4.a La phalloplastie
La phalloplastie est l'opération de CRS la plus connue et la plus ancienne. Elle consiste à former un néo-pénis à partir d'un lambeau de peau prélevé sur le bras, la cuisse voire le ventre, rendu sensible grâce au prélèvement de nerfs dans l'aine et permettant d'uriner debout grâce à le reconstruction de l'urètre. Le vagin est ôté et fermé à ce moment là seulement, et le scrotum formé à partir des grandes lèvres grâce à des implants en silicones. L'acte chirurgical dure environ 10 à 12 heures, et il faut compter 3 mois d'arrêt maladie.(cf. "
La Phalloplastie")
Cette opération nécessite l'accord préalable d'un psychiatre avec deux ans de suivi pour obtenir un remboursement, conformément à la sécurité sociale (cf.
Sécurité Sociale CCAM ou
télécharger le pdf ). Dans toutes les démarches d'un parcours trans, c'est le seul délais qui est légalement imposé, le reste n'est que du bluff. D'un point du vue médical, il faut avoir fait une hystérectomie, généralement au moins 6 mois avant.
En France, la phalloplastie n'est pratiquée que dans certaines équipes dites officielles, avec des résultats très mitigés, tant esthétiques que fonctionnels (pas de reconstruction de l'urètre, peu de pose de prothèse, de nombreuses nécroses, pas ou peu de sensibilité etc) mais entièrement gratuite. Cependant, quelques chirurgiens semblent s'intéresser à nouveau à cette opération et nous laissent espérer une évolution qui permettrait de rattraper notre retard en la matière. Une autre option est de vous orienter vers l'étranger, entre autre la Belgique ( environs 35 000€) qui a de bons résultats et pour laquelle vous pouvez obtenir, avec un peu de chance, une prise en charge de la part de la sécu ramenant le coût de l'intervention aux alentours de 5000€ (cf
Article "S2 opération à l'étranger").
La phalloplastie n'est en rien obligatoire pour obtenir le changement d'état-civil, c'est une opération très lourde, avec des risques de complications importants. La décision ne doit être influencée que par votre ressenti en ce qui concerne votre corps et vos désirs. Comme ont dit par chez nous, les organes génitaux ne font pas le genre
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4.b La métoidioplastie
La métoidioplastie (méta) est une alternative à la phalloplastie. Plus récente, elle a été mise au point aux États-unis. Elle consiste à dégager le dicklit (clitoris) qui a poussé sous l'effet des hormones et à couper le ligament suspenseur afin d'avoir une esthétique se rapprochant d'avantage d'un homme bio. On peut ensuite, suivant le désir du patient, fermer le vagin, refaire le canal urinaire et former le scrotum comme pour la phallo avec des implants en silicones placés dans les grandes lèvres. Cette intervention ne nécessite aucune greffe de peau ni de nerfs, aucune autre partie de votre corps n'est donc touchée. Elle dure 3 ou 4 heures environ avec des risques mineurs; du moins pas plus que n'importe que n'importe quelle intervention. L'arrêt maladie et aussi de 2 ou 3 mois, inutile d'expliquer plus en détail que la partie concernée est une zone fragile et sensible
(cf "
La métoidioplastie").
Les pré-requis sont les mêmes que pour la phallo : hystérectomie et suivi par un psychiatre pour la plupart des chirurgiens, mais aucun délais n'est obligatoire et, à notre connaissance, aucun acte CCAM ne répertorie au niveau français cette opération. Une variante de cette opération est pratiquée en France depuis quelques années où l'opération se fait en trois temps (une opération pour la méta, une pour le scrotum et une troisième pour la pose des implants) ramenant le temps opératoire total à une durée beaucoup plus longue et un entre-jambe "en chantier" durant environ un an. Mais encore aujourd'hui, les meilleurs spécialistes se trouvent en Serbie (10 000-12 000€) et aux États-Unis où un certain nombre de chirurgiens la pratique (6 000 à 9 000€). En France, cette chirurgie étant pratiquée dans un hôpital public la Sécurité Sociale assure une prise en charge à 100%.
Cette fois encore, la méta n'a rien d'obligatoire pour obtenir un changement d'état-civil complet, il ne s'agit que d'un choix personnel pour votre bien être.
5. État-civil
5.a L'acte de notoriété
Concrètement, l'intérêt de cet acte est simplement de pouvoir demander plus facilement le changement de prénom sur des documents de la vie courante tel que les fiches de payes, le loyer, la banque etc... Tout en sachant que malgré tout, cela reste au bon vouloir de votre interlocuteur. Dans la vie de tous les jours, il permet aussi d'entamer des démarches simple d'une façon plus sereine comme retirer un courrier sous votre prénom masculin à la poste. (cf. "
L'acte de notoriété ").
5.b Changement d'état-civil
Un changement d'état-civil est à faire par un avocat auprès du Tribunal de Grande Instance (TGI) de sa région ou de son lieu de naissance, dans le but de faire rectifier la mention du sexe sur l'acte de naissance. C'est une démarche généralement longue et coûteuse mais qui permet de corriger le sexe et le(s) prénom(s) de naissance sur la totalité de vos papiers d'identité et documents adiministratifs. Ainsi, vos droits sont les mêmes qu'une personne née de sexe masculin et nul ne peut plus savoir que vous êtes transsexuel. (cf "
Le changement d'état-civil").
Pour faire un changement d'état-civil, il faut avoir été suivi par un psychiatre, être hormoné et en général stérile, c'est à dire avoir fait l'hystérectomie. La mammectomie est souvent demandée également, en revanche la phalloplastie est rarement exigée en raison des mauvais résultats chirurgicaux obtenus en France. Toutefois, chaque TGI opère de façon différente en fonction de la jurisprudence en place, en effet, la France n'est toujours pas pourvue d'une loi pour réglementer cette démarche. Concrètement, il existe des tribunaux qui refusent encore les changements d'état-civil aux transsexuels, et d'autres qui les font sans problèmes dans un laps de temps plus ou moins court et des pré-requis plus ou moins importants. C'est pourquoi il est capital de se renseigner auprès d'un greffier du tribunal afin de connaître les précédents jugements rendus dans de telles affaires.
Légalement, un changement d'état-civil remplissant toutes les conditions n'a pas lieu d'être refusé depuis que la France à été condamnée en 92 par la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH). Si toutefois le jugement est négatif, il « suffit » d'aller en cour d'appel où il est extrêmement rare de ne pas obtenir gain de cause.
Article* écrit pour vous par Carmelle.
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Date de création : août 2007
Dernière mise à jour : mai 2014