Temoignage de Radis
1. Acceptation de sa transidentité
J'avais écrit tout un truc sur mon enfance et mon adolescence mais au final je pense que ça en aurait barbé pas mal donc je fais un petit résumé.
Je dirais que mon enfance a été plutôt banale, j'ai toujours su que j'étais une fille mais ma mère étant plutôt du style « tu t'habilles comme tu veux et tu joues avec ce que tu veux » je n'ai pas eu de traumatisme majeur ni au niveau habillement ni niveau jouet.
J'étais, je pense, juste une fille un peu casse coup et vulgairement « garçon manqué » (que c'est laid).
Pendant l'adolescence j'ai fais une tentative de « féminisation » qui n'a pas eu beaucoup de succès, puis j'ai réalisé que j'étais peut être gouine. Cette idée m'a beaucoup plu et je me suis coupé les cheveux.
Je n'ai pas souvenir d'une « révélation » trans, j'ai juste trainé sur des sites internet lesbiens puis sur des sites ftm, je ne me souviens pas de comment je suis passé de l'un a l'autre.
La possibilité de « changer de sexe » ne m'était pas inconnue puisque la 1ère gouine que j'ai rencontré était mtf.
2. Contraintes administratives et médicales
Comme tout le monde, je pense, j'ai vécu le passage chez le psy comme une contrainte, surtout à la fin.
J'ai du le voir pendant un an en étant pleinement conscient que ma situation de l'époque ne me permettait pas de commencer un traitement hormonal ( j'étais au lycée).
Maintenant que j'ai obtenu mon changement d'état -civil et que je n'ai plus besoin de le voir pour ça je dois me botter le cul pour aller le voir, mais je ne l'ai pas vu depuis plus d'un an.
Pour le changement d'état-civil je n'ai pas énormément eu de contrainte, même pas du tout, vu que l'endroit où je l'ai fait avait des conditions très « light».
3. Les changements physiques
Les hormones ainsi que la mammectomie m'ont apporté un grand soulagement.
Avant de commencer la testo j'étais vraiment dans un trip « je veux de la testo » sans forcement mettre des mots ou des ressentis ou sur ce que cela m'apporterait. Maintenant que je suis sous testo depuis presque 2 ans je dois dire que je suis pleinement satisfait de tout ce que cela m'a apporté, aussi bien dans un ressenti purement psychologique que physique.
4. Le coming-out familial
Le coming-out au niveau de ma famille s'est résumé à ma mère qui a fait circuler l'info au niveau de la famille « proche ».
Je savais que ma mère ne réagirait pas mal dans le sens « je te met a la porte », j'avais juste le pressentiment que cela mettrait du temps et que ça ne serait pas facile pour elle.
Je dois rajouter que ma mère est bipolaire et que ses réactions vis-à-vis de l'annonce ont été fortement influencées par cela, même si, sur le moment, je n'étais pas pleinement conscient de ça.
Maintenant tout va bien, elle ne se trompe que très rarement sur les pronoms ainsi que sur le prénom et semble avoir réalisé que je suis bien mieux maintenant qu'avant.
Il est très paradoxal de constater qu'au moment de l'annonce on attend des parents une pleine acceptation et que chaque erreur grammaticale semble la fin du monde alors que c'est a ce moment là que c'est le plus difficile pour les proches, alors que maintenant plus de 3 ans après je suis beaucoup plus cool.
5. Les relations amoureuses et amicales
J'ai rencontré la personne avec qui je suis dans une relation de type lesbien mais a vrai dire ça n'a pas durée bien longtemps sur ce mode la, étant donné que je savais déjà que je voulais modifier mon corps dans une optique plus masculine.
Elle savait que j'étais dans cette optique et quand les choses se sont officialisées il n'y a pas vraiment eu de problèmes
Et même si il y a eu pas mal d'interdit niveau sexuel jusqu'à ce que je me fasse opérer du torse et que je commence la testo, maintenant tout va bien de ce coté la et il n'y a plus d'interdits.
Edit de l'administration sur la demande de l'auteur du témoignage : Une rupture est survenue après l'écriture de ce témoignage. L'auteur tenait à faire savoir que cette rupture n'est aucunement liée au fait qu'il soit trans'.
Au niveau amical je fréquentais peu ( même quasiment personnes ) de personne avant ma transition, ça n'a donc pas été difficile.
Maintenant je ne fréquente que des gens qui savent que je suis trans dont une énorme majorité de trans, être considéré comme un homme biologique me met très mal a l'aise de même qu'être considéré comme un homme car je déteste tout ce qui rattaché au statut d'homme dans notre société.
6. Le monde professionnel et scolaire
Étant toujours étudiant j'ai fais ma transition au niveau de la fac, au tout début je n'ai rien dit étant d'un naturel très effacé, j'ai ensuite, pour les travaux dirigés, dis aux profs qu'il y avait eu une erreur administrative au niveau de mon identité et qu'en fait mon nom de famille (qui est aussi un prénom) était mon prénom et inversement, aidé par les blocages du CPE je n'ai pas eu de problème pour que ça passe vu la courte durée de l'année scolaire.
Maintenant que mes papiers sont changés il n'y a plus de problèmes et c'est bien plus reposant.
7. Peurs, questionnements et doutes
Je n'ai pas l'impression après coup d'avoir eu des doutes ou des peurs concernant la transition à proprement dit, mais maintenant je me mets a flipper vis-à-vis du fait que lorsque je rentrerai dans le monde du travail je devrai me comporter en « homme » socialement, hors c'est quelque chose que je ne veux pas faire et qui me met très mal a l'aise, d'autant que je suis très sensible a la moindre parole sexiste, homophobe, transphobe, qui sont en quantité dans le langage courant.
Témoignage* de Radis.
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Date de création : 2008