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Temoignage de Rachel


1. Quand la personne que l’on aime apparaît comme transsexuelle.


Comme beaucoup je n’ai pas su depuis le début que mon copain était transsexuel mais je l’ai appris seulement au bout d’un peu plus de deux ans.

Certains pourront trouver ça bizarre que je ne m’en sois pas aperçu avant mais vous comprendrez mieux en sachant que je suis lesbienne, et que  nous formions donc un couple homo.
Un peu avant qu’il me l’annonce j’avais déjà de forts soupçons, j’ai tenté d’aborder le sujet en lui posant la question directement, mais ça réponse à été un « non » catégorique et j’avais l’impression de l’avoir vexé. J’ai donc changé de sujet assez rapidement tout en lui disant que même si il était ftm ça ne changerait rien pour moi.

Il était resté bloqué sur ma question, tout en me disant qu’il ne l’était pas. Alors peu de temps après j’ai posté un sujet sur un forum (il était au courant). Après ce post on a beaucoup parlé, lu beaucoup de choses et vu des reportages, et là j’ai enfin eu la certitude qu’il était trans.
Le soir même j’ai réussi à le faire avouer avec beaucoup de mal, il ne savait plus ou se foutre, il en a pleuré par peur de me perdre, j’ai essayé de lui faire reprendre confiance en lui mais en vain, persuadé qu’en tant que lesbienne assumée sa transsexualité mettrait fin à notre couple. Il m’a même dit que si je le voulais il resterait comme ça pour moi, tout ça par peur de me perdre. C’est sublime comme réaction de sa part, mais il faut vraiment être inhumain pour dire oui à se genre de proposition…

Je tiens à préciser qu’il a toujours été certain de sa transsexualité, c’est juste les circonstances de la vie qui lui ont empêché d’assumer avant.

Tout ce que je peux dire maintenant, c’est que s’en douter est une chose, le savoir en est une autre, on y réfléchi beaucoup plus, forcément, notamment aux conséquences sur la vie quotidienne etc… D’un autre côté ça fait comprendre beaucoup de choses. Mais on aime une personne avant d’aimer un « sexe » et franchement quand il me l’a dit j’ai trouvé ça tellement touchant qu’il me dise une chose si importante qu’il n’avait jamais réussi a dire à personne en presque 23 ans. Quand j’ai vu sa peine, et tout en sachant combien ça coûte d’annoncer quelque chose comme ça au bout de deux ans, je me suis dit que j’avais de la chance de l’avoir et sa transsexualité était bien plus que secondaire.

Je tiens à dire que je suis toujours lesbienne mais j’aime mon bébé avant tout, c’est une sexualité à part et bien plus importante Complice
Pour reprendre une de mes expressions préférées je suis une lesbienne hétéro qui se tape un trans, ou plus clairement une gouine transgénique.

 


2. Blesser sans le vouloir.


Mon paragraphe préféré arrive…

Niveau boulettes, j’ai toujours été championne et à ce niveau là aussi. J’ai toujours voulu le rendre plus féminin, lui faire mettre des décolletés, se maquiller, je ne voulais pas qu’il se coupe les cheveux trop courts… enfin je le laissais quand même faire mais je donnais juste mon point de vue…

Quand il me disait vouloir se faire enlever les seins je trouvait ça anormal et pour le « rassurer » je lui disais qu’il avait des seins sublimes et que je les adorais (tout ça avant qu’il ne me l’annonce je précise). Du coup il faisait des efforts pour me plaire et appréhendait encore plus le fait de me le dire, tout en étant encore plus dépressif…
Je lui disais aussi souvent que je trouvais les pénis immondes etc…

En gros j’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire, et même si j’avais l’excuse de l’ignorance, je m’en voudrai toujours à ce sujet.
Au final j’ai du batailler et je bataille encore pour lui faire comprendre qu’il me plaît en tant qu’homme, vu qu’il se sent mieux et qu’il est enfin bien/mieux dans sa peau, sa séduction en est décuplé et notre vie plus épanouie…

Je dois mettre un petit, très léger bémol à ça, j’avoue que si il voulait une phallo ou avait un « vrai » pénis j’aurais beaucoup de mal... Je m’y ferais mais bon… Ça serait difficile : Vive la méta mdrr (heureusement c’est ce qu’il veut, en plus niveau sexuel, si il ne pouvait plus prendre de plaisir je ne m’en remettrais pas…)

 


 3. Se mettre à nu.


Parlons peu, parlons bien, parlons de sexe lol.

Sujet plus délicat…
Au début de notre relation nous avions une sexualité plus qu’épanouie, plus que fréquente, bien que dans le noir ce qui m’a toujours frustré, et au fur et à mesure la fréquence a diminuée et je pouvais moins le toucher et encore moins ses seins (même si je n’ai jamais vraiment eu le droit d’y toucher, je bravais l’interdit…)

Enfin bon j’avais la certitude de ne plus le satisfaire et mon amour propre et mon moral en général en a pris un sacré coup, maintenant que je sais, ça va mieux, même si la fréquence n’est pas à son top.

Quand on le fait c’est toujours génial (enfin pour moi, je ne veux pas parler pour mon homme même si je pense que c’est réciproque). Par contre même en sachant et en comprenant qu’il est mal à l’aise avec son corps, j’ai toujours peur de faire quelque chose qu’il ne faut pas et toujours peur de mes « compétences ».

 


4. Gérer l’ambivalence au quotidien.


Ce qui est dur pour lui et donc pour moi, c’est que transsexualité rime souvent avec peur du jugement, peur d’être reconnu non pas pour ce qu’on est mais pour ce à quoi on ressemble.

Mon chéri est assez casanier à cause de ça, toujours peur qu’on voit ses seins même avec un underwork (en réalité il en met 3 pour sortir), il sort au minimum de la maison (même si ça va mieux à l’heure actuelle), et il ne parle pas en public.

C’est assez frustrant parfois mais surtout difficile de se rendre compte à quel point il est mal dans sa peau, alors j’essaye de le bouger, de le motiver à sortir, de lui faire reprendre confiance en lui avec plus ou moins de difficulté selon les jours.
Quand on sort peu importe le regard des autres (en même temps on a jamais trop eu de problème à ce sujet), quand on l’appelle « monsieur », ce qui est souvent le cas, c’est une victoire, quand c’est « mademoiselle », on relativise ou on corrige les gens selon les cas, quand c’est un gamin qui dit à sa mère « mais si maman c’est une femme »  et que la mère est toute gênée et dit : « mais non, tu vois bien que c’est un monsieur » on le prend à la rigolade.

Je pense que le secret pour aller bien, c’est avant tout l’autodérision.
Et quand on est trans, avoir de la chance d’avoir un entourage qui vous bouge le cul (désolée pour la vulgarité) et qui ne vous laisse pas dans votre coin, ce qui est évidemment une solution de facilité.

 


5. L’entourage.


En ce qui concerne notre entourage, au niveau amical, tout s’est extrêmement bien passé, même si son prénom masculin mettra un peu de temps à s’imposer.

Du côté de ma famille ça s’est même passé mieux que mieux, j’ai adoré quand ma mère m’a dit « évidement c’est difficile quand on est parent, mais si c’était toi tu peux être sûre que je t’aurais soutenu jusqu’au bout ». Elle était d’ailleurs très bien informée sur le sujet ce qui m’a épaté vu que selon moi elle ne savait pas ce qu’était un(e) transsexuel(le).

Du côté de la famille de mon chéri ça s’est beaucoup moins bien passé, hélas. Je ne détaillerai pas car ça serait trop long, mais depuis l’annonce il y a une réelle cassure, plus de relations du tout avec son père, avec sa mère pas des masses mieux, même si ça ne me touche pas directement, ça me rend malade pour lui, je n’arrive pas à comprendre …

Ses collègues sont eux aussi informés (bon, pas ses supérieurs, mais avec eux je pense qu’il vaut mieux éviter pour l’instant…). Ils le soutiennent et ont eux aussi hâte que les transformations physiques commencent grâce à la tésto (ben ouais, il va y avoir des situations cocasses lol)

 


6. La peur du parcours et de la chirurgie.


En ce qui concerne le parcours en lui-même, je ne suis pas plus angoissée que ça, j’ai confiance en la médecine, confiance en les chirurgiens, je pense juste qu’il faut savoir bien les choisir, ce qui est sur c’est qu’à chaque étape je ne le quitterai pas d’un poil sauf si il me le demande, et vu qu’il tient à ma présence, tout est nickel.

La seule chose qui me faisait un peu peur c’était le premier rendez vous psy, peur qu’il lui dise que si sa copine est lesbienne c’est que lui aussi l’est, peur qu’il le freine et lui casse le courage qu’il a eu pour prendre rendez vous, heureusement tout s’est extrêmement bien passé.

J’ai hâte qu’il ait ses hormones et en ce qui concerne la chirurgie, j’espère juste que ça se fasse le plus vite possible.

Vivement qu’il aime son corps...

 


7. Fonder une famille.


En tant que lesbienne dans tous les cas avoir un enfant était quelque chose de compliquée pour moi à la base, mais je ne me dit que pas tant que ça au final.

On veut des enfants, mais on n’est pas pressés. De plus  je ne me sens absolument pas mature pour le moment et quand je vois certains enfants (la grande majorité..) ça me coupe l’envie direct lol enfin ça c’est tout à fait personnel.

Mais côté pratique j’aimerais en porter un via insémination car je pense que c’est quelque chose à vivre quand on a la chance de pouvoir le faire…

Et si on en veut un deuxième, on opterait bien pour l’adoption Sourire

 


Conclusion.


En conclusion je dirais juste que rien n’est impossible en amour et dans la vie en général, je pense que notre couple en est la preuve.

J’aime mon homme et je le considère réellement comme un homme, même si je l’ai connu en femme, que je suis lesbienne et que ma langue bafouille parfois.

Et si je peux me permettre une dernière chose, avant de connaître vraiment le sujet, j’avais des a priori à la con, sans être transphobe pour autant.

Alors laissez leur chance aux gens qui vous entourent (enfin juste ce qu’il faut) et si vous avez des questions à me poser ou quoi que se soit d’autre ça serait avec plaisir que je vous répondrais.

 

Témoignage* de Rachel

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Date de création : 2007

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