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Témoignage de Jalex


 1. Acceptation de sa transidentité


L'acceptation de ma transidentité à été, comme tout le monde, spécifique à ma vie. Dès mes 5/6ans je me souviens que je me posais déjà des questions sur moi-même. Par exemple "pourquoi mon frère a une passion et pas moi?". J'ai toujours été dans cette quête.

C'est dans les 2 ans qui ont suivis que mes parents ont divorcé. A partir de là, j'ai juste voulu leur plaire. A noël je regardais dans les magazines les ateliers, les playmobils, les jouets superman et autres super-héros mais mon plaisir, c’était surtout les voitures télécommandées, puis je regardais ma mère et je retournais au rayon poupée... Je m'amusais avec ! Mais j'aurais préféré ne pas avoir honte de mes goûts.

Mon père, lui, m'habillait en rose de la tête aux pieds. J'ai grandi ainsi. En CM2, je regardais une série TV et j’ai découvert la bisexualité. Je m’y sentais bien. Je disais à mes amies de l’école que “ça me dérangerais pas d’avoir une copine”. Mais face à ma mère ce fut autre chose...

J’ai fais une 6ième dans un collège proche de chez moi et ça s’est plutôt mal passé. On me frappait car je n’étais pas à la mode, je n’avais pas de copain, et je ne me maquillais pas. J’ai donc suivi mon grand frère en internat l’année suivante. Je me suis un peu émancipé. En 4ième, je suis sorti avec un garçon, il était gentil mais en y réfléchissant je n’avais pas plus de sentiment que ça. Nous avons rompu et... j’ai aimé ma première fille. Mais je dois avouer un secret bien caché. J’ai eu une “relation libre” dès ma 5ième à l’internat... C’était juste de la curiosité mais ça me convenait. Bref, cette fille que j’ai aimé était plus âgée mais ça n’a jamais fonctionné. J’étais tellement différent, gothique... Et puis mon collège était très “catho”, au moment où j’ai eu besoin de soutien pour accepter que j’aimais les filles, les surveillants et le CPE ne m’ont pas aidé (On n’est pas la pour parler de l’homophobie dans les milieux scolaire) ! Je ne pouvais pas m’approcher d’une fille ou d’un gars à moins d'1M50... Par la suite j'ai rencontré une fille sur internet mais j’en parlerai plus tard.

Une fois le brevet en poche j’ai changé d’internat. En 1 an je suis passé de gothique à “normal”. J’ai vraiment essayé d’être une fille, avant même que je comprenne que j’étais un gars mais j’étais très triste.

Entre ma 2nde et ma 1ière, j'ai parlé à ma copine (en vacances chez moi) de mes ressentis, puis j'ai cherché sur internet. Et je trouve ! On en parle. Je commence à assumer. A la plage, dans l’eau, je retire mon haut. Et d’après elle... Il n'y a pas photo ! Avant la rentrée de 1ière je me coupe les cheveux, je commence l'année en faisant mon coming-out à mes amis ! Et je crois que j’ai passé une superbe année. Je leurs ai donné le nom que je me donnais petit dans mes jeux. Habillé en gars je deviens moi-même. Je me souviendrai toujours de cette phrase “L’année dernière tu étais bizarre, mais cette année tu es super cool !”. Avec le soutien de mes amis j’avance. Je vais rentrer en terminal l’année prochaine et je vais continuer sur ce chemin.

 


2. Contraintes administratives et médicales


Je n’en ai pas trop pour l’instant, enfin... Il y a les cours de sport. C’est à dire piscine. Cette année j’avais tous prévu. Le short de gars, le t-shirt, le binder dessous. Mais je n’ai pas pu assumer mesformes de fille devant tout le monde. Je me suis retrouvé dans le bureau du sous-directeur en larmes. Je n’ai pas fais cours cette semaine-ci. Mais pour m'éviter la piscine il m’a demandé un mot des parents (la blague...) ou d’un médecin. Prétextant une douleur, je demande donc un rendez-vous à ma mère près de mon internat, donc seul. La médecin n’avait pas l’air très au courant du sujet, et je penses que ça a joué en ma faveur. Elle m’a donné l’attestation et hop! Dehors ! J’ai donc réussi. Mais je sais que pour l’année qui vient, avoir ce mot va être plus difficile avec le bac... Non pas que je veuille sécher l’épreuve mais c’est trop difficile.

Les rendez-vous médicaux sont durs aussi. Vous savez le “retirez votre t-shirt” pour écouter ton cœur avec le stéthoscope. On va me demander de retirer le binder aussi, alors à chaque je dois remettre un soutif. Quelle horreur ce truc !

Médicalement parlant il y a autre chose que je redoute. Je ne veux pas raconter ma vie mais bébé j’ai eu un grave problème cardiaque, je devrais passer un échographie du cœur. Donc torse nu.. Ça fait 5 ans que je repousse ce moment fatidique !! Mais j’ai bien peur que ce problème de santé me coince plus tard pour les opérations bien que je n’ai aucunes séquelles ni douleurs... Mais j’ai très peur de ça.

 


 3. Les changements physiques


Je suis pas hormoné encore. Mais ! Je penses qu’on est tous passé au stade des cheveux courts. Disons que j’ai évolué mais pas de réels changements... Il y a un an j’ai demandé à ma mère à voir un psychiatre (comme par hasard). Nous avons beaucoup de soucis familiaux, alors pas besoin d’argumenter, elle était même contente. J’ai expliqué à ma psy la situation et que je voulais prendre de l’avance sur la transition pour avoir l'attestation dès mes 18 ans. Elle est ok. Donc depuis un an elle me suis régulièrement. J’ai une vie vraiment compliqué alors on se voit presque 2 fois par mois. Elle veut reprendre toute ma vie ! J’ai parfois peur qu’elle pense que j’ai eu un traumatisme et que être un garçon n’est qu’une “planque” face aux problèmes. Alors que moi je sais que non. J’ai l’impression d’avoir trouvé la logique de ma vie et tous ces éléments que je trouvais bizarres, comme les catalogues de jeux, ont maintenant du sens !

Enfin bref, j’espère que ces rendez-vous mèneront à quelque chose. Mais pour l’instant ça a l’air d’aller.

 


4. Le coming-out familial


Pour commencer je l’ai dit à mon frère mais pour lui il a eu une petite sœur et il veut la garder. Iln'a toujours pas compris que je ne devenais pas un garçon du jour au lendemain, mais que j’arrêtais juste d’être la sœur qui dit AMEN à tout parce qu’elle a honte. Je suis donc en mauvais terme avec lui. Et puis ça n'a pas grand chose a voir mais il est violent. Il faut toujours attendre qu’il se bouge pour faire si ou ça alors que lui est devenu impatient avec les autres. Un jour il m’a dit “si tu es un homme comporte toi comme tel”. Je dois continuer à le voir car j’habite encore dans la maison familiale mais je penses que quand je serai loin il devra attendre quelques années avant que je ne le revois.

Alors ma mère. Je lui ai dit dans le moment le plus masculin du monde... En faite j’aime bien m’occuper des filles. Et la j'étais occupé à lui maquiller les yeux. C’est ma mère donc bizarrement j’ai pas réussi ! Je sais pas si vous, vous avez le même pouvoir, mais quand je souhaite faire plaisir à mon entourage, c’est inéluctable, ça échoue. J’ai commencé par lui dire “et si je me sentais...”, et après ce fut ferme et définitif avec “je suis”. Sur le coup elle n'a pas trop mal réagi mise à pars LA petite phrase qu’on aime tous entendre “je penses que tu es malade et qu’il faut que tu vois plus ta psy”. (sarcasme)

En fait c’est elle qui pense qu’avec les problèmes familiaux qu’on a eu je suis malade. Voila. Mais ça allait. Je suis reparti faire ma semaine en internat. Et comme par magie, alors que nous nous entendions bien, la situation s’est dégradée. Depuis, elle me hurle dessus pour n’importe quoi. Si vous pensez que je suis juste un p'tit branleur d’ado, je vous rassure, la plupart du temps il y a une amie de ma mère à la maison qui vient me voir dans ma chambre pour me dire que ce n’est pas de ma faute. Alors je veux bien me remettre en question mais des fois je comprends vraiment pas.

Anecdote : Le jour de mon oral de bac, ma mère pour la énième fois me hurle dessus. Manque de chance 2 personnes étaient à la maison pour m’accompagner à l’oral (des amis de ma mère donc adulte, je précise). Pour tout ça j’attends encore ses excuses.

Et je sais pas pour vous mais depuis que je lui ai dis ma mère à développé un syndrome. Celui du “elle”. Donc dès qu’on est en public c’est “ma fille” “louloute” et j’en passe. J’ai trouvé LA solution quand cette personne vous a pris pour un garçon et vous regarde de plus près en se demandant si vous êtes bien une fille. Hochez des épaules. Comme pour dire “Me regardez pas comme ça je comprends pas non plus”. C’est souvent très drôle comme situation.

Et pour mon père, pour faire simple,“Les trans c’est des idiots, des abrutis, on (ne me demandez pas je sais qui c'est non plus) leurs met des idées dans la tête !!!”. Voila, donc nous sommes tous beurré pour l’hiver je pense XD Vous comprendrez pourquoi j’attends d’être majeur pour lui dire.

En résumé, soyez sur de vos convictions. Quelque soit votre âge. Car si cela se passe mal, ils vont s’efforcer de vous faire douter de vos ressentis les plus intimes. Et n’ayez pas honte de vos goûts, car quand vous les assumez ils penseront que c’est juste une lubie de passage, une erreur de jeunesse, et j’en passe.

C’est en cachant qui j’étais depuis mon plus jeune âge et en essayant d’être ce que je ne suis pas pour leur plaire qu’aujourd'hui ils ne comprennent pas qui je suis réellement. Je ne dis pas que c’est de ma faute ! Je dis qu’il faut juste reconnaître le pourquoi du comment.

 


5. Les relations amoureuses et amicales


Des amis je n’en ai pas beaucoup beaucoup... Ils sont donc quasiment tous proche de moi et onttous accepté surtout quand ils voient que je suis épanoui. A l’internat, les gens n’en n’ont rien a faire. Les filles n’y pensent pas et la personne avec qui je suis dans ma chambre est sûrement dans le top 3 de mes amis. On s’entend super bien, elle parle de moi au masculin. Bref, ma colocataire est juste une fille gentille et merveilleuse. Sinon mon ami d’enfance l’a bien pris. Il se pose des questions depuis bien avant moi sur son genre (le hasard). Sauf que lui se serait un dérèglement hormonal qui serait à l’origine de ses doutes. Et sinon j’ai une autre amie très proche qui m’a carrément présenté à ses parents en garçon. Cette amie aussi est merveilleuse. Tous ça a l’air idyllique mais attendez vous a ce qu’un de vos amis n'accepte pas ou vous dise que pour lui vous serez toujours une fille. Attendez vous aussi aux critiques, que ce soit face ou dos à vous.

Au niveau de mon couple, ce fut un peu dur au départ. Mon couple a été en péril pendant un temps mais j’ai rassuré ma copine et cela fait plus de 2 ans qu’on est ensemble. Tout ce passe beaucoup mieux à présent. Mais je deviens de plus en plus pudique et c’est le principal soucis.

 


6. Le monde professionnel et scolaire


Je suis encore a l’internat et c’est vraiment un monde. Le dimanche soir et le vendredi je suis en tenue neutre, mais la semaine je suis en gars. Les vêtements les plus masculins je me les achète et me les lave. Sinon j’ai vu que certains trans demandent le changement de nom sur les listes scolaires, j’aimerais vraiment le faire mais je ne penses pas pouvoir. Surtout que je n’aurais pas le soutien de ma famille.

Au niveau des profs, ils n’ont rien a y faire mais ils ne disent rien.

 


7. Peurs, questionnements et doutes


Alors je suis jeune, donc ben, j’ai encore beaucoup de doutes et de questionnements. Je continue de m’affirmer. Mais c’est plutôt tout ce qui est administratif qui me fais peur.Sinon, j’ai peur de pas avoir mon attestation car ma psy est a 1h30 de chez mes parents donc je suppose qu'après la terminale je ne pourrais plus la voir aussi souvent.Si ma psy ne me la donne pas je serais sûrement très triste. Mais je me battrai pour en avoir une. Je perdrais jute ma crédibilité auprès de ma mère qui pense que je suis malade.

Ma mère veut que je parte faire mes études dans une certaine école et que je sois logé en foyer. Et la c’est plus que de la peur. Car si je débute ma transition je serai logé dans un étage pour fille. Donc vous m'imaginez chez les filles, donc un foyer catholique, alors que je deviendrai un mec ? Je penses qu’elle veut surtout me mettre des bâtons dans les roues. Mais je m’avancerais pas plus, j’ai pas envie de jouer les paranoïaques.

Sinon je sais que mon coming-out envers mon père risque d’être chaud.. Et c’est une source de stresse supplémentaire.

Mais dans tous les cas, je veux devenir qui je suis et je me laisserai pas abattre.


 
Témoignage* de Jalex.

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Date de création : Septembre 2014

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