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Temoignage de Kena


1. Quand la personne que l'on aime apparaît comme transsexuelle.


Je sortais (et vivais) avec mon copain depuis environ 2ans quand il m’a annoncé sa transsexualité, ou plutôt ses doutes en fait. On discutait tranquillement sur msn et il m’a dit qu’il avait quelque chose à me dire, qu’il pensait peut-être être FTM. Et bizarrement ça ne m’a pas plus surpris que ça, je lui ai répondu de suite que ça ne changeait rien pour moi et je lui ai conseillé d’aller traîner sur des forums trans. En fait un de mes meilleurs amis est FTM, ce qui fait que je connaissais déjà assez bien tout ce qu’implique une transition, et que je m’étais déjà beaucoup renseignée sur le sujet bien avant. Et ce qui faisait aussi qu’on avait souvent eu l’occasion de parler de transition et que c’était un sujet assez banal à la maison. C’est à ce moment là que je me suis rendue compte qu’en effet ces derniers temps c’était plus souvent mon copain qui engageait la conversation sur le sujet, et que c’était peut-être pas anodin en fait.

Et puis malgré plusieurs histoires avec des filles je ne me suis jamais sentie vraiment lesbienne, je ne saurais pas expliquer pourquoi mais j’étais pas du tout à l’aise avec ça, je ne m’y reconnaissais pas. Alors la transition a aussi remis du clair là-dedans et m’a permis de comprendre également des choses sur moi.

Et pour être honnête je suis passée par une phase de quelques semaines ou j’avais très peur que ça chamboule tout dans notre couple. On a toujours été très fusionnels et je craignais que tout ça nous sépare. Mais ce qui est sûr en tout cas c’est qu’à aucun moment ça n’a remis en question notre envie d’être ensemble.

Bon bien sûr je me suis trompée et mes craintes étaient inutiles, quasiment un an après on est encore plus proches finalement.

 


2. Blesser sans le vouloir.


Je pense que de ce côté-là je m’en sors plutôt pas mal. Mais bon encore une fois j’étais déjà bien sensibilisée au sujet,  et je connaissais les impairs à éviter. Je n’ai eu aucun mal a changer de prénom et à passer au masculin.

Par contre au tout début je l’ai peut-être un peu brusqué des fois, je ne voulais surtout pas qu’il se replie sur lui-même ou qu’il se laisse submerger par la panique, et je dois avouer que je suis quelqu’un qui aime bien secouer un peu les gens pour les faire réagir. Alors bon c’était sûrement pas toujours la meilleure chose à faire mais sur le coup je ne savais pas trop comment l’aider à dépasser ses angoisses.

Et de toute façon depuis qu’il a  bien entamé sa transition et qu’il est plus serein par rapport à tout ça j’ai plus aucune raison de le secouer !

 


3. Se mettre à nu.


Je ne peux pas vraiment dire que ça n’a rien changé à ce niveau-là. Avant on était un couple de « lesbiennes » et on se posait pas de questions à vrai dire. Depuis la transition, je fais plus attention, je réfléchis plus le truc. Comme il n’est pas encore opéré  j’ai des fois peur de faire quelque chose qui le gênerait et je le sens frustré aussi de ne pas avoir le corps qu’il souhaiterait. Mais on discute beaucoup, de tout, et de notre intimité aussi, et ça nous permet de trouver nos marques petit à petit.

 


4. Gérer l'ambivalence au quotidien.


L’ambivalence se situe juste au niveau administratif en fait. Et du coup c’est moi qui vais à la poste chercher ses colis et ses courriers, je paye avec sa carte bleue et ses chèques à sa place, et je vais aussi à la pharmacie avec sa carte vitale. Ce qui est plus embêtant c’est les contrôles de police comme on en a subi un récemment (mais « heureusement »  ils ont pensé à sortir leurs menottes mais pas à demander nos pièces d’identité !), quand il faut conduire aussi du coup c’est moi qui prend le volant pour éviter un contrôle de papier compliqué.

En gros, en attendant son changement de prénom (il a entamé une procédure récemment) c’est moi qui m’occupe des trucs administratifs au quotidien.

 


5. L'entourage.


Mon copain a fait son coming-out très rapidement à sa famille et ses amis, et j’ai très vite mis ma famille et mes potes au courant aussi. Tout le monde l’a assez bien pris et s’y est fait aussi rapidement que possible. De toute façon il aurait été impensable pour nous de mener une sorte de « double-vie » et on a eu de la chance que tout se passe plutôt bien.

Finalement notre entourage est composé d’ « anciens » qui sont passés au masculin sans trop de soucis et de « nouveaux » qui ne le connaissent que sous son identité masculine.

Cet été on est partis plusieurs semaines en vacances dans une région ou on ne connaissait personne, et où surtout personne ne le connaissait « d’avant ». Et mine de rien ça change tout, pas de crainte que quelqu’un se trompe de pronom, pas de question a se poser sur qui sait quoi et qui ne sait rien, la possibilité de choisir a qui on le dit, pas de crainte de croiser une vieille connaissance sortie de nulle part, etc…Et bon on avait déjà plus ou moins prévu de bouger de Paris un de ces jours pour pleins d’autres raisons, mais je crois que cette expérience nous a vraiment donné envie de tout recommencer tranquillement ailleurs.
 


6. La peur du parcours et de la chirurgie.


Comme je disais plus haut, j’ai eu peur au début que tout ça nous sépare et finalement ça nous a encore plus rapproché. En fait j’avais peur qu’une fois sa transition entamée il ait l’envie et le besoin d’aller tester ailleurs son nouveau physique. Bon c’était idiot en fait.

J’ai jamais été trop inquiète par rapport aux changements physiques dus aux hormones et aux opérations, je savais que ça le rendrait mieux dans sa peau et plus épanoui. Et puis comme je m’étais déjà bien renseignée sur le parcours c’était pas vraiment l’inconnu. Il en est à un peu plus de neuf mois sous testo et sa mammectomie est prévue pour dans une quinzaine de jours, et plus il avance dans son parcours, plus il est heureux…alors moi aussi.

 


7. Fonder une famille


On commence à en parler et j’espère vraiment qu’on ira jusqu’au bout. Pour l’instant il faut encore se mettre d’accord sur le moyen d’y arriver. Même si c’est un peu plus compliqué forcément que pour un couple « classique », ça ne me parait pas insurmontable.

 
 
Témoignage* de Kena.

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Date de création : 2008

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